La fin des haricots !

En ce premier jour de février, retrouvez dans cette rubrique l’expression, l’injure, le mot et la curiosité grâce auxquels vous pourrez tenter de paraître intelligent et cultivé en société !

L’expression : La fin des haricots

Quand un avocat n’est pas cru, il est cuit, dit-on…Et les carottes ? Car quand celles-là sont cuites, on peut en déduire que c’est la fin des haricots.
Que de joyeuses expressions gastronomiques…mais d’où nous viennent-elles ?

L’expression « C’est la fin des haricots » se voit attribuer diverses origines au début du XXe siècle.

Tout d’abord, avant l’apparition du tube cathodique et des réseaux sociaux, les jeux de société étaient légions, l’ambiance familiale légère et les mises ne se faisaient donc pas avec de l’argent mais avec divers objets, dont des haricots secs. Lorsqu’un joueur n’avait plus de haricots, vous aurez compris ce qu’il advenait … Tout espoir de victoire était annihilé et le malheureux était éjecté de la partie, sans possibilité de se réfugier derrière l’écran de son smartphone.

Selon une deuxième interprétation, toujours au siècle dernier, dans les internats notamment, on distribuait des haricots aux élèves, quand on ne savait plus quoi leur donner en guise de nourriture. Le nom « haricots » regroupait alors des gousses diverses comme les fèves, les pois, cassés ou chiches, ou les haricots. Le haricot était considéré comme un aliment de base, voire médiocre et quand il n’y avait même plus de haricots à manger, c’était la fin de tout. Et ce que cela soit, au final, pour les écoliers, les prisonniers ou les pauvres.

Une dernière interprétation est attribuée aux marins, qui, au XVIIIe siècle, géraient les vivres par ordre de péremption. Il convenait de manger en premier les animaux vivants et produits frais, puis les biscuits secs, les produits salés ou fumés et enfin les jambons et haricots. Ces derniers ingurgités, c’était le signal que l’équipage ne survivrait plus bien longtemps à défaut de rejoindre le rivage.

L’expression est traduite littéralement dans d’autres langues, comme en Allemand : « (Das ist) das Ende vom Lied », c’est la fin de la chanson ou « (Das ist) das Ende der Bohnenstange », c’est la fin de la rame (la perche). En espagnol, c’est « la fin de tout », (El acabose) ». En antillais, on remarquera que « tous les crabes sont morts dans le baril » (Tout krab la mô en bari-la), tandis que dans le sud de la France, ce sera « la fin des figues ». En Tunisie, « Essuie, il est mort ! », (Emssah, mét !).

L’injure : Galefretier

Le galefretier (ou galfatier) était à l’origine un homme chargé de goudronner les vaisseaux. 

Dans le langage familier, le terme servait d’injure pour désigner « un homme du néant » ou de basse extraction.

Pour la petite histoire : le mot serait apparenté à « calfat », celui qui calfate. Du verbe « calfater », qui dans le domaine de la marine, signifie « boucher avec de l’étoupe les joints, les trous et les fentes d’un bâtiment et les enduire de poix, de goudron etc… pour empêcher que l’eau n’y entre ». Le mot a pris ensuite un sens péjoratif. 

Etymologiquement, ce calfat viendrait du XIIIe siècle et aurait fait quelques détours géographiques. De l’italien d’abord, calafatare, ou de l’occitan calafatar issus de l’arabe qalafa. En arabe, qalafât (« califat »), est le surnom d'un poète cordouan du IXe siècle.

En grec kalafates (« calfat ») est attesté en 1057, ainsi que kalafatesis (« calfatage ») mais il est peu probable qu’il ait servi d’intermédiaire vers les langues latines. L’arabe, dans un jeu donc de ping-pong linguistique propre au bassin méditerranéen est issu du bas latin calefare du latin classique calefacere, calefactare, « chauffer » parce que l’on chauffe donc le goudron pour calfater un bateau1

Selon d’autres sources, le mot serait composé de « gale » et « froter » (frotter) : « galeux, ce qui gratte sa gale » … mais on en retrouve peu de confirmations sérieuses.

Le mot : Cravate, n.m.

Espèce de cheval originaire de Croatie.  Soldat de l’ancienne cavalerie légère.

La curiosité : La famille de « bidet et bidoche »

A l’origine de cette famille se trouve le verbe d’ancien français bider., « trotter », attesté au XVe siècle, qui donna le nom bidet, « petit cheval » (1564). Presque deux siècles plus tard, en 1739, bidet prend le sens métaphorique de « meuble de toilette ». En effet, pour utiliser un bidet, on s’assoit dessus comme sur un cheval.

Allons plus loin : au début du XIXe siècle, les noms dérivés du bidet, « petit cheval », que sont bidoche, « cheval de bois » et bidoque, « vieux cheval », sont présents dans des glossaires normands.

Plus tard en 1844, bidoche accède au français général et prend le sens de « viande » et « mauvaise viande ». La raison est simple : durant la première partie du XIXe siècle, la consommation de viande de cheval a très mauvaise réputation car, dans l’esprit du peuple, elle est associée à la pauvreté. Une mauvaise viande ne peut donc être qu’une bidoche, c’est-à-dire du cheval.

Jean-Joris Schmidt,
Administrateur

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1 Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : « Galfâtre » : étym : 1808 « sobriquet d'un garçon d'hôpital ou d'auberge » (HAUTEL); 1835 « bon à rien » (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, p. 281). Peut-être altération, au moyen du suff. péj. -âtre de galefretier « ouvrier calfat » (1542, RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, XX, 59 var.); « bon à rien, vaurien » (1564, ID., Prologue livre V, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. III, p. 9), dér. de gallefreter « calfater » (1542, ID., Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, I, 149 var.), lui-même altération d'un plus anc. galefeustrer (1478), v. calfeutrer, ou bien, d'apr. WARTBURG, dér. de galfat, forme dial. de l'Ouest du fr. calfat1* (cf. FEW t. 2, p. 57b et 58a; BL.-W.

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Jean-Joris
Schmidt
Administrateur

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