Mais ont-ils le choix ?
Dans une interview, Xavier NIEL (le patron de Free, en France), indiquait, au sujet de l’intelligence artificielle et des avocats, qu’il ne pensait pas que l’IA allait faire disparaître la profession, mais que ceux qui n’adapteraient pas leur pratique à l’IA risquaient bien, eux, de disparaître.
De nombreux confrères observent cette agitation d’un œil lointain, peut-être un peu inquiet. Mais préfèrent attendre de voir comment les choses vont évoluer.
On a dépassé l’époque où l’on prédisait des juges robots, et des avocats remplacés par des machines. Le nombre d’avocats continue de croître.
La conviction commune est que les nouvelles technologies sont des aides à la décision pour les juges, et des assistants précieux pour les avocats, qui conservent leur plus-value, mais ne peuvent plus se passer des outils fondés sur l’IA.
Alors, il faut tester et se former.
La formation de 4 h que j’ai donnée aux Universités d’été avec Florian Ernotte a été suivie par une quarantaine d’avocats. C’est pas mal, compte tenu de la fréquentation habituelle de ce type de formation, mais c’est très peu en regard de nos 8.300 avocats.
Les instances professionnelles prennent conscience de la nécessité de promouvoir l’utilisation de l’IA.
L’OBFG et l’OVB unissent leurs compétences pour établir des Guidelines. Ceux de l’UIA sur l’utilisation de l’IA par les avocats ont été adoptés ce 30 octobre. Le CCBE prépare également son document.
Le barreau de Paris a pris une initiative remarquable pour permettre aux cabinets d’avocats travaillant seuls ou à deux de tester l’IA.
Car, contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’utilisation de ces outils pourrait bien amoindrir les différences entre les gros et les petits cabinets, alors que, jusque là, la technologie semblait plutôt creuser l’écart.
Mais il ne faut pas se fier à l’apparente facilité de l’IA générative (ChatGPT, Gemini, Mistral, Claude, Perplexity,…).
Il faut se former à leur utilisation. Apprendre à bien les interroger. Savoir retrouver les sources. Etre capable d’apprécier la pertinence de la question, etc… Le barreau de Paris demande d’ailleurs de d’abord suivre les formations proposées avant de bénéficier de l’avantage offert.
Et il faut aussi veiller à nos obligations déontologiques, au respect de la confidentialité et du secret.
Rien d’impossible, tout le monde peut s’adapter et se former.
Et les occasions ne manquent pas, et les outils disponibles sont nombreux.
Vous lirez par ailleurs dans cette Tribune un article relatif au Legal Tech Summit, particulièrement adapté à notre pratique. Venez nombreux.
Il faut tester et se former.
Olivier Haenecour,
Administrateur