Ne dites plus Électrochoc numérique, dites Legal&Tech Summit ! Après quelques années d’existence, l’événement, qui se tenait ce 10 décembre aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, a changé de nom... et pas que...
Nouvelle dénomination, nouvelle localisation, nouveau logo et, on s’en rendra compte très vite au cours de cette journée, nouveau paradigme : exit l'angoisse des premières éditions, place à un avenir plus confiant pour les juristes.
Lors des précédentes éditions, l’urgence de la numérisation était sur toutes les lèvres et chacun appelait, selon la formule (quasi) consacrée, à prendre le train de la numérisation en marche… L’angoisse et le stress de rester à quai étaient bel et bien perceptibles et, dans nombre d’interventions, pointait cette crainte: qu'en sera-t-il encore de la profession d’avocats dans quelques années? Les juristes sont-ils voués à disparaître?
Cette édition 2019 se voulait différente. Soutenue par AVOCATS.BE mais aussi par l’OVB et l’Institut des Juristes d’entreprise, elle proposait une formule bilingue, ouverte à toutes les professions juridiques et à tous les représentants, petits et grands, des legaltech belges et internationales.
Intelligence artificielle
Et cette édition s’est vite avérée résolument plus optimiste que les précédentes. Après l'accueil de Stanislas van Wassenhove, pierre angulaire du projet, et d’Edward Janssens, président de l’OVB, la journée a ainsi débuté avec des exposés visant à démystifier l’intelligence artificielle, premier grand thème de la journée.
L’exposé de Steven Laureys, neurologue et professeur ULg spécialisé dans l’analyse du cerveau et des états de conscience visait à redéfinir les limites de l’intelligence artificielle par rapport à l’intelligence humaine.
Flexibilité, conscience, motivation et libre arbitre sont des concepts qui échappent à l’intelligence artificielle. C’est pour cette raison qu’elle doit être considérée comme un moyen et non comme une fin en soi, déclarera Laurent Hublet, philosophe et CEO du campus numérique BeCentral. Les intervenants à la première table ronde le rappelleront également: quelles que soient les performances des algorithmes, la valeur ajoutée de l’humain reste essentielle.
Les outils, aussi puissants et innovants soient-ils, démultiplient les capacités de l’utilisateur mais, in fine, le pouvoir de décider et la maitrise de l’information restent dans les mains de l’utilisateur. Au cours de cette table ronde, on rappellera également la nécessité, pour développer des solutions d’intelligence artificielle, de disposer d’une grande quantité de données et, dès lors, de rendre accessibles des données publiques telles que la jurisprudence.
Automatisation
Le second thème abordé au cours de cette journée était l’automatisation. Une meilleure organisation et une automatisation de diverses procédures sont en effet les clés d’une meilleure efficacité de travail et d’une plus grande rentabilité. Jérôme Ruzak (Associé - Day One) et Gerrit Vandendriessche (Altius) exposeront la nécessité, tant pour les juristes d’entreprise que pour les avocats, de prendre le temps, malgré des agendas chargés, de se poser et de réfléchir aux tâches répétitives et sans valeur ajoutée. Ce sont ces tâches qu’il convient en premier lieu d’automatiser soit en utilisant des outils existants (logiciel de gestion de cabinets, automatisation des contrats…) soit en développant des outils spécifiques à son activité. Khedi Verhaeghe (Wolters Kluwer) insistera sur le fait que, pour implémenter ces nouvelles technologies au sein d’un cabinet, il convient aussi et avant tout de travailler sur les mentalités des membres du cabinet et également de respecter les spécificités de chaque structure.
Implémentation
Les exposés de l’après-midi consacrés à l’implémentation ont permis de voir comment concrètement passer le cap de la digitalisation. Pierre Monville (Iuxta Legal) a ainsi expliqué comment il avait adopté une organisation « paperless » au sein de son cabinet. Grâce à l’exposé de Christian Hernalsteen, consultant IT Digiwal, les avocats présents auront appris que la Région wallonne permet aux cabinets wallons de recevoir la somme de 60.000 € pour financer à 75 % un projet de digitalisation via les Chèques Maturité numérique (Des formules similaires d’aides existent pour Bruxelles et la Région flamande).
Jean-François Henrotte (Lexing) a ensuite abordé la notion de sécurisation des données et de compliance au RGPD. Lors de la table ronde, les acteurs ont répété que la numérisation ne doit pas être vue comme une menace pour les professionnels mais, au contraire, comme une opportunité d’être plus efficaces, plus rapides et dès lors plus proches des besoins de clients de plus en plus exigeants. L’avocat 4.0 pourra ainsi, selon la formule de Grégory Mestrone (MSTR digital), « se recentrer sur la plus-value de ses services d’avocats par rapport au client au travers du digital ».
And the winner is...
Après la présentation des projets d’AVOCATS.BE en matière de digitalisation par Xavier Van Gils et la présentation du livre blanc sur la LegalTech par Nicolas Cassart et Philippe Dambly, la journée s’est terminée par la remise du prix de l’Incubateur. Le prix a été décerné à Lawbox dans la catégorie « LegalTech » et à Intolaw dans la catégorie « Avocat ».
Catherine Massard
Publié 19-12-2019 sur https://legalworld.wolterskluwer.be/fr/nouvelles/domaine/droit-en-general/legal-tech-summit-2019-quand-les-juristes-reprennent-confiance-en-l-avenir/
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