La Belgique est-elle encore une démocratie ?

Dans un article publié le 10 février dernier, Le Soir relevait que la Belgique était qualifiée de « démocratie défaillante » dans l’index de la démocratie, étude du groupe britannique The Economist.

Cela doit-il nous faire réagir ?

Si ce résultat, en baisse par rapport aux précédentes études, place la Belgique à la 36e position dans le classement des 165 pays analysés, il est certain que nous ne pouvons que rougir. Notre pays ne bénéficie plus du statut de « démocratie complète » réservé à 21 pays seulement tels les Pays-Bas, l’Allemagne, le Grand-Duché du Luxembourg, l’Irlande ou la Grande-Bretagne.  Rien que cela est, en soi, inadmissible.

Bien entendu, comme le précise l’étude, « les résultats reflètent l’impact négatif de la pandémie sur la démocratie et la liberté dans le monde pour la deuxième année consécutive, avec l’extension considérable du pouvoir de l’État et l’érosion des libertés individuelles ». Nous savons que notre pays n’a pas été épargné par de telles mesures et des procédures sont toujours en cours pour apprécier la proportionnalité de ces restrictions à nos libertés fondamentales avec l‘objectif de santé publique.

Nous ne pouvons nous retrancher derrière ce seul constat. L’évolution de cet indice de démocratie est révélatrice depuis 2006 : 8,15 en 2006, 8,05 en 2010, 7,93 en 2015, 7,64 en 2019 et 7,51 en 2020. La crise sanitaire ne peut donc, à elle seule, justifier ce recul.

Et cela reste très inquiétant. Encore un peu plus quand le cinquième rapport du Greco (Groupe d'États contre la corruption), rendu public le 21 janvier 2022, note que, sur les 22 recommandations formulées à notre pays par cette émanation du Conseil de l'Europe, seules deux ont été pleinement mises en œuvre et deux autres partiellement. Ce rapport pointe une série de bonnes intentions non réalisées à ce jour. C’est un constat devenu trop courant dans bien des domaines.

Plus que jamais, les avocats doivent être, eux-mêmes, les garants de notre démocratie, du fonctionnement de nos institutions, du respect de nos droits et libertés fondamentaux. Plus que jamais le barreau doit jouer son rôle de veille et dénoncer ce qui ne fonctionne pas. Notre démocratie a besoin de notre profession.

Si les avocats continueront évidemment à le faire dans chaque dossier individuel d’un justiciable, car c’est bien entendu cela notre mission, nos institutions doivent aussi le faire de manière plus générale. En matière de justice, nous devrons encore régulièrement taper sur le clou car, il faut le reconnaître, pour l’instant nous sommes surtout face à de nombreuses promesses qui prennent beaucoup de temps à se concrétiser.

Alors, si nous ne sommes heureusement ni en Afghanistan, en Russie, en Chine ou en Turquie, nous ne devons jamais oublier que la démocratie est excessivement fragile et que, en permanence, il faut se mobiliser, même par des paroles, pour la préserver.

A propos de l'auteur

Xavier
Van Gils
Ancien Président

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