Ce 27 janvier 2023, que dis-je …ce week-end du 27-29 janvier 2023, s’est tenue la rentrée solennelle de la Conférence du Jeune Barreau de « Libre sur Sambre », alias Charleroi.
Que de beaux retours aux sources !
Revoilà janvier… Non pas que la rentrée de juin 2022, organisée au Rockerill, lieu ô combien emblématique de Charleroi, ne nous ait pas plu, loin s’en faut. Elle a été chaude, très, très chaude et exceptionnelle. Mais cette année, après plusieurs accommodements dus à ce fameux virus, nous sommes enfin revenus à la normale, une rentrée en janvier ! Notre organisme a retrouvé ses repères.
Madame L’Oratrice, Me Isabelle Vander Eyden, avait fait le choix de retourner aux traditions.
Second retour aux sources, un discours à l’Hôtel de Ville. Soucieuse de collaborer sans la moindre faille, la Ville avait décidé de nous plonger dans le vif du sujet et de nous permettre de vivre ce discours, dédié à Michaël Gorbatchev, en 4 D. Le chauffage a donc été baissé au maximum, et même sans doute au-delà, pour qu’en fermant les yeux, nous nous imaginions sur le territoire russe.
« L’homme a besoin de liberté, sans liberté l’homme ne peut s’épanouir et comprendre ce qu’il se passe. Pour être libre l’homme doit savoir ce qu’il se passe au sein de son pays, au sein du pouvoir, et à l’étranger en toute transparence »1.
Quel beau discours, empreint d’histoire et de sentiments. Mme l’Oratrice a eu à cœur de revenir à ses racines, troisième retour aux sources.
Elle nous a conté son histoire familiale, ses origines multiples, la vie de ses deux grands-parents. Louba, sa grand-mère paternelle d’origine russe, venue en Belgique en 1945 après avoir été déportée de Russie dans un camp de travail en Allemagne, ayant « fait choix d’une terre étrangère à la sienne pour acquérir sa liberté ». Et Giglio, son grand-père paternel d’origine italienne, qui s’est installé en Belgique en 1952 et a gagné « la liberté de toute une famille à la sueur de son travail ».
« Je suis la benjamine d’une famille où la mixité culturelle et socio-culturelle a, d’emblée, été de mise. J’ai été élevée avec un profond respect pour les libertés et les différences de chacun ».
Il n’en fallait pas plus pour décider Mme l’Oratrice à faire le lien et discourir sur la liberté avec pour point de mire l’œuvre de Michaël Gorbatchev, sa vision de la société dans l’ancienne URSS et de la démocratie.
L’exercice n’est jamais facile. Il faut être précis et complet. Il faut du contenu intéressant et vif, tenir la distance, avoir la voix claire et tenir debout devant ce parterre de juges, confrères, amis et membres de la famille, malgré le stress et l’émotion. Et il y en a eu de l’émotion, notamment chez ses parents. A juste titre, son père n’a pu cacher la sienne en écoutant sa fille parler de son histoire et en constatant à quel point, elle lui avait permis de se construire.
Quel réconfort dans ce monde chahuté d’entendre Mme l’Oratrice nous parler de valeurs, telles que la famille, la liberté, l’indépendance, la démocratie et même de l’amour qui unissait le couple formé par Michaël Gorbatchev et sa femme Raïssa.
On en aurait presque oublié le froid glacial des lieux…
La fin du discours nous a d’ailleurs tous réchauffés.
« Une vraie démocratie, une vraie liberté c’est avant tout d’accepter les différences, s’exprimer sans crainte, apparaître sans masque, aimer sans contrainte, comprendre sans préjuger.
Liberté, liberta, svoboda, freedom, freiheit, harh, jayu, vapaus, laisvé, libertade – dans toutes les langues, le mot liberté reste le plus beau ».
Dernière phrase après laquelle a retenti un chant des cœurs de l’armée rouge. Le tout sur une scène illuminée de rouge. Quel panache !
A la réplique, Mme La Présidente du Jeune Barreau, Me Anaïs Leal y Pittia, tout en ayant fort à faire, a également réussi sa performance, nous entretenant sur la fraternité et l’égalité. Des valeurs qui, à son estime, sont tout aussi importantes et essentielles que la liberté pour construire la démocratie.
« La naissance est une loterie. Personne ne choisit son continent, son pays, sa couleur de peau ou même sa famille. Il est donc inadmissible de tolérer la haine fondée sur la couleur de peau, une nationalité ou même une religion. Un être humain n’a pas plus de valeur qu’un autre, nous sommes tous égaux. Gardons cette idée en tête lorsque nous exerçons notre liberté ». « « Unis dans la diversité », ne serait-ce pas là une définition de la fraternité ? ». « Seul on va vite, ensemble on va plus loin ».
La réplique était belle, Mme la Présidente du Jeune Barreau nous donnant même quelques « tuyaux » pour les deux jours de fête : « Je me suis toujours dit que dans la vie, tout était une question d’équilibre ... ». Par contre, elle s’est égarée tout de même un peu en tentant de nous faire croire que la fête serait limitée : « En effet, je ne peux au nom de la liberté ... mettre la musique à fond jusqu’à l’heure que j’ai décidée » Beau principe qu’elle a vite oublié la soirée venue, au grand soulagement de tous !
La synthèse de Mme la Bâtonnière, Me Nathalie MONFORTI, a débuté par un vibrant hommage à Olivier VANDECASTEELE incarcéré, injustement et dans des conditions inhumaines, à Téhéran. Fidèle à ses valeurs et Bâtonnière engagée, elle s’est indignée et a rappelé la nécessité de poursuivre le combat et de « lutter pour la liberté et aussi pour le droit des femmes ». Un combat qui lui tient à cœur et elle en a du cœur notre Bâtonnière !
Durant son élocution, prononcée derrière un pupitre sur lequel trônait le visage de note compatriote, elle a tenu à nous rappeler qu’il n’y a pas qu’une seule définition de la liberté. « Mesdames, êtes-vous certaines que votre liberté soit mienne ? ».
Moderne en tous points, Mme la Bâtonnière nous a même révélé quelques indiscrétions. Nous avons appris qu’elle disposait d’un petit robot personnel (dont le nom m’a, à vrai dire, même paru particulier…) à qui elle avait demandé la définition de la liberté, s’empressant quelques instants plus tard de nous parler de son époux, à qui elle a déclaré sa flamme, afin de nous permettre de comprendre qu’il s’agissait bien de deux interlocuteurs différents…
Son engagement est sans faille : « Chacun détermine son chemin, mais surtout chacun doit avoir le courage de se dépasser. Nous ne sommes pas voués et condamnés à un comportement automatique. L’animal est guidé par son instinct. L’être humain est capable de réflexion autonome. A cet égard, hors de question de céder à la tentation de « croire au destin ». Trop facile et trop lâche : je dois me battre, je veux lutter pour progresser librement. Pas de Fainéantise. ».
Et Mme la Bâtonnière de préciser : « Nous poursuivrons, si vous le voulez bien, notre discussion, par exemple à l’occasion d’un des magnifiques apéros organisés par le Jeune Barreau. »
Nous sommes disciplinés à Charleroi. Nous avons écouté religieusement les conseils et invitations de nos orateurs du jour.
Après ces discours, nous avons donc festoyé, cherché « ensemble » – parce que c’est comme ça qu’on « va plus loin », « la liberté » tout en essayant de conserver notre « équilibre ». Nous avons poursuivi « la discussion à ces fameux apéros » organisés, le vendredi soir, le samedi midi, après-midi et soir, par le Jeune Barreau, Mme la Bâtonnière et son Conseil de l’Ordre.
La réflexion a été nourrie et il fallait bien deux jours pour tout comprendre et se perfectionner, « pas de fainéantise » à Libre sur Sambre – Charleroi.
Quatrième retour aux sources, les soirées du vendredi et samedi ont été organisées au Palais des Beaux-Arts (PBA), splendide salle. Que dire sur la revue, si ce n’est : merci et bravo ! Elle nous a fait rire, vibrer, chanter, hurler, et même pour certaines, faire ce fameux « essuie-glace » le samedi. Enième retour aux sources…
La Présidente du Jeune Barreau, revenant sur sa décision - que dis-je, son erreur due sans doute à l’émotion et au stress de sa réplique - a laissé la musique chanter jusqu’aux petites heures.
La visite du samedi matin… aux aurores, nous a permis de nous recueillir dans le nouveau musée des Beaux-Arts, adresse que nous avons retrouvée (c’est tout de même nouveau) grâce à un moyen mémo-technique : « il est voisin de la tour de police, ne pas oublier, noter dans un coin de sa tête pour demain, que c’est à côté de la police et donc…aller en taxi. »
Mme la Bâtonnière nous a ensuite emmenés sur les toits de Charleroi dans une salle au dernier étage d’IGRETEC. Quelle vue et quel bonheur de poursuivre la fête grâce à des musiciens qui ont entonné un vibrant chant de la Carolo et ceux de diverses régionales dont la montoise (j’ai aussi des origines auxquelles je tiens comme Mme l’Oratrice…).
Et puis, et puis, la tradition a continué, nous menant là où nous devions aller… Au CDS - pour les connaisseurs et initiés – ou vers d’autres endroits privilégiant le repos et enfin, à la soirée du samedi, celle de Mme la Présidente du Jeune Barreau. Elle a été magnifique, rien ne manquait. Tout a été parfait. Merci encore Mme la Présidente !
« Tout est une question d’équilibre », « Chacun doit avoir le courage de se dépasser », « dans toutes les langues, le mot liberté reste le plus beau », « seul on va vite, ensemble on va plus loin ». Nous avons eu à cœur de respecter ces devises.
Qu’il faisait bon d’être carolo, apparenté, adopté et invité durant ce long week-end de rentrée à Libre Sur-Sambre - Charleroi.
Et puisque la liberté d’expression a aussi été rappelée, je m’en voudrais de ne pas terminer en vous disant, à tous et à chacun, « bisou m’chou » et à l’année prochaine !
Odile Deladriere,
Avocate au barreau de Charleroi
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1 M. Gorbatchev, « Gorbatchev en aparté, reportage de Vitaly Mansky, Arte 2022 – Discours de Me Isabelle VANDER EYDEN janvier 2023.
