Chères Consœurs,
Chers Confrères,
ASF – Avocats sans Frontières – fête cette année ses 30 ans d’existence.
ASF est née de l’engagement pris par un certain nombre d’avocats à Paris en marge de la Conférence internationale des barreaux.
Sa charte fondatrice, ratifiée le 24 janvier 1992, stipule dans son article premier : « Tout homme a droit à l’avocat de son choix quand bien même cet avocat serait étranger à l’Etat du nom duquel la justice est administrée ».
L’ASBL « Avocats sans Frontières » a ensuite été créée par les bâtonniers Xavier Magnée, Pierre Legros, Carl Bervernage et Erik Carré.
ASF a d’abord agi pour permettre à des avocats belges et européens de se rendre à l’étranger pour défendre des justiciables dans des contextes sensibles.
Elle s’est ensuite intéressée suite au génocide du Rwanda à la justice pénale internationale et au rôle de la justice dans les zones de post-conflit. Le champ d’action d’ASF n’a fait que grandir. Tout en conservant à l’avocat la place d’acteur essentiel, elle a adopté une approche plus holistique en travaillant sur le terrain avec de multiples autres acteurs, locaux et internationaux, comme des organisations de la société civile, des autorités locales, des représentants des communautés. ASF a également adopté une approche plus globale. Elle ne se concentre plus seulement sur les pays où les droits humains sont en danger ou ne sont de toute évidence pas respectés.
Ainsi, en 2020, ASF a coordonné un travail de monitoring sur l’impact des mesures de prévention liées à la pandémie sur les libertés individuelles tant en Belgique que dans les pays où elle intervient.
ASF est à présent présidée par le bâtonnier Patrick Henry, ancien président de l’O.B.F.G., et sa direction générale est assurée par Mme Chantal Van Cutsem.
Les 12 et 13 octobre, ASF a organisé à Bruxelles une conférence intitulée « Lawyering for change ». De nombreux thèmes d’actualité ont été abordé comme la place de l’avocat comme acteur de changement, les droits des migrants, les outils judiciaires et non judiciaires pour lutter contre les violences faites aux femmes, le repositionnement de la justice au cœur de la régulation sociale et politique.
Les organisations ont fait l’honneur au président de l’O.V.B. Peter Callens et à moi-même de prononcer une allocution lors de l’ouverture de la conférence. Le texte de mon allocution est repris dans nos colonnes.
Les intervenants ont également coupé une mèche de leurs cheveux en soutien symbolique à Masha Amini et aux femmes iraniennes dans leur combat contre le régime liberticide de l’Ayatollah Khameni.
Nous devons lutter pour la défense de l’Etat de droit et des libertés essentielles comme nous le rappelle ASF par son action quotidienne.
Comme l’a écrit Antonio Manganella, directeur régional chez ASF pour la région euro-méditerranéenne, dans l’ouvrage édité par ASF à l’occasion de son trentenaire : « Nous considérons comme acquis l’Etat de droit et les droits humains, mais à observer l’évolution du monde, nous réalisons que c’est quelque chose de très récent. Dans les perspectives les plus pessimistes, ce pourrait même être une petite parenthèse dans l’histoire de l’humanité. »
Soutenons donc les efforts d’ASF, qui incarne l’âme de notre profession, dans une lutte pour la défense de nos valeurs et contre les injustices dans nos sociétés.
Et n’oublions pas ce qu’a écrit Montaigne : « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ».
Votre bien dévoué,
Pierre Sculier
Président