Retrouvez dans cette rubrique l’expression, l’injure, le mot et la curiosité grâce auxquels vous pourrez tenter de paraître intelligent et cultivé en société !
L’expression : Entrer en lice
Voici la dernière assemblée générale d’AVOCATS.BE de l’année, et juste après celle-ci, de nombreux candidats vont entrer en lice, pour les élections ordinales. L’arène est large.
Mais peut-on ici vraiment parler de « lice » ? Les chasseurs qui nous lisent savent que la femelle du chien de chasse s’appelle la lice. Partons du postulat que l’entrée dans une chienne de chasse n’est pas le sujet du débat…
Le mot lice vient du francique listia ou listja. Le « Petit Robert » nous parle d’une étymologie germanique de 1155 après J.-C., signifiant anciennement palissade, et par extension un espace circonscrit par une clôture, réservé aux exercices ou aux compétitions. Par analogie, à la Renaissance, on parlait d’un champ clos où se déroulaient des joutes, des tournois, des courses de chevaux. Par métonymie, la lice qui entourait le champ a donné son nom au lieu même du tournoi.
Un tournoi est au final une suite de combats de chevaliers. C’est pourquoi lorsque l’un d’entre eux s’avançait pour prendre part à sa joute, il « entrait en lice », expression qui a d’abord signifié « combattre ».
Rappelons-nous Le Cid de Corneille quand le roi accorde à Chimène qu’elle choisisse un chevalier qui se battra en duel contre Rodrigue, qui a tué le père de la jeune femme : « Il suffit qu’une fois il entre dans la lice, Choisis qui tu voudras, Chimène, et choisis bien, Mais après ce combat ne demande plus rien ».
Au XVIIe siècle, la métaphore est transposée dans le domaine de la parole, signifiant que l’on intervient dans un débat, notamment lors de joutes oratoires. Courageux sont ceux qui prennent part à la polémique, mot d’ailleurs relevant d’une métaphore semblable puisqu’il vient du grec polemikos « qui concerne la guerre ». À l’inverse, fuir la lice se disait pour « éviter la dispute ».
Mirabeau aussi, s’apprêtant à livrer bataille et porter des coups, écrit « Je rentre dans la lice, armé de mes seuls principes et de la fermeté de ma conscience ». Ou surtout, rappelons le célèbre : « le programme des 32es de finale de la Coupe de France verra les deux clubs les plus passionnels de France entrer en lice en dernier, l'un après l'autre, dimanche soir. »1
L’insulte : Lofiat
Idiot. Désignait une personne simple et crédule. Le mot deviendra loufiat, mot argotique désignant un garçon de café2 ou à la moitié du XIXe siècle comme goujat ou valet. Probablement dérivé de l’ancien loffe : nigaud.
Le mot : Empyreume, n.f. Chim.
Saveur et odeur particulières et désagréables que prennent les matières organiques quand elles sont chauffées trop violemment et trop longtemps.
La curiosité : La famille « Complot, pelote et peloter »
Le mot pelote (vers1140) a signifié successivement « boule (de métal) », « objet sphérique pour jouer », « boule formée de fils enroulés », puis « groupe de personnes » (fin du XIIIe siècle). Pelote a fourni le verbe peloter, attesté en 1489 avec la signification de « lancer (une pelote) »., puis plus tard avec le sens général de « jouer à la balle ». Mais c’est tout au début du XIXe siècle qu’il prend la signification familière que nous lui connaissons, celle de « caresser une femme ». Enrichi du préfixe com-, pelote a aussi donné le nom féminin complote, « un rassemblement » (vers 1180), suivi du nom masculin complot, qui avait à la fin du XIIe siècle le sens de « foule compacte » et de « accord entre plusieurs personnes ». Il est donc compréhensible que complot en soit venu à signifier « conjuration » en 1213.
Jean-Joris Schmidt,
Administrateur
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1 L'Équipe - Article du 9 janvier 2010
2 « Des Loufiats aux mollets gainés de blanc le laissent passer, buvant un verre, il fait signe au loufiat qui le sert » : Jacques Prévert, « La Pluie et le Beau Temps»