Compte-rendu de la rentrée du barreau de Dinant
Au cœur de l'arrondissement de Namur, presqu'à cheval sur ses deux divisions (terminologie bientôt obsolète, je l'espère) Dinant et Namur, Bioul est un peu le "Houtsiplou" de la Wallonie lotharingienne. Personne ne sait où c'est et pourtant ça se trouve à un jet de pierre des très beaux "Jardins d'Annevoie". C'est là que, cette année, le Barreau de Dinant a accueilli ses invités pour une "soirée au château". Le village et son château médiéval ont acquis une certaine notoriété pour la production viticole dont est fière une famille patricienne locale. La bourgade est aussi connue pour son célèbre (malgré lui) grutier qui, en 2017, avait rasé une maison autre que celle qu'il était chargé d'abattre. Enfin, les plus anciens se souviennent que, dans le "faux JT" qui constituait le clou du "Tatayet show" de la RTBF, il se passait toujours, à Bioul, quelque chose d'inattendu. Voilà le décor planté !
Pour honorer leurs invités, Madame la bâtonnière Moline et le Jeune barreau que préside Frédéric Mespouille avaient, expression éculée mais à mes yeux justifiée, mis les petits plats dans les grands. Avant un banquet dans le cadre prestigieux de l'impressionnant château féodal, mais dans une ambiance de fête de famille, voire de "cousinade", la revue fut de très haute volée. Dixit Madame la bâtonnière et administratrice d'Avocats.be, Isabelle Tasset, et son compagnon, le conseiller émérite à la cour de cassation Steffens, à l'avis autorisé car un bâtonnat suivi d'un mandat à l'O.B.F.G. en sert une kyrielle.... Sous la "houlette" d'un des plus illustres dinantais, l'humoriste Christophe Bourdon, et porté par une équipe menée par la pétulante Aline Fery, soutenue par le binôme de choc formé de la pétillante Cassandra Lessire et de l'excellent Sébastien Delhez, le spectacle n'a pas autorisé dix secondes d'ennui !
Selon l'usage, quelques figures locales ont été asticotées : une juge familiale "cochémiste", un premier substitut roulagiste omnipotent, une juge d'instruction "aponctuelle" et happée par ses obligations familiales avant, un président correctionnel raide comme la justice (vous me direz que c'est logique) mais aussi l'une de ses collègues internationalement connue pour son humanisme flamboyant et puis votre serviteur, marronnier de la revue dinantaise, rituellement taquiné pour sa gynophilie (présumée) et sa républicomanie (assumée). A côté d'un localisme inévitable mais qui fut de bon aloi, les auteurs de la revue furent bien inspirées d'utiliser comme "figure anaphorique" l'actuel ministre de la justice, campé par Jean-Grégoire Sepulchre, et de l'imaginer séquestré à Dinant, dans le bureau (vide) du président du tribunal, puis, quoique victime en l'occurrence, mis sur le grill par la juge d'instruction déjà évoquée, magistralement incarnée par une Cassandra Lessire au four et au moulin. Dans le public, se gaussaient quelques magistrats enviant cette juge d'instruction mais qui, au style bon enfant de celle-ci, auraient volontiers substitué des méthodes plus intimidantes pour calmer ledit ministre (le vrai) aux réformes, à leurs yeux, scélérates…Si notre garde des sceaux du moment servait d'"idiot conducteur", ce fut sans lourdeur car son interminable "audition" était entrecoupée d'intermèdes dans lesquels se sont illustrées, en chantant et dansant, les stagiaires de première année sous la baguette de l'homme-orchestre mosan, Christophe Bourdon, lequel, vers minuit, prit en charge la soirée dansante qui atteignit, m'a-t-on rapporté, les prémices de l'aurore.
Vivement dans deux ans, avec un autre ministre de la justice à nasarder ou à tarabuster ! Et qui sait, ce sera peut-être pour célébrer le mariage des dinantais et des namurois, dont les fiançailles sont, m'a confié le vice-bâtonnier Gravy, enfin plus proches que la saint-glinglin.
Jean-Marie Dermagne.
Ancien bâtonnier
Crédit photo ; Page Facebook "Château de Bioul"