C'est un temps radieux qui caressait Rochefort (chef-lieu, pour un week-end, de l'ex-arrondissement judiciaire de Dinant) les 14 et 15 juin pour accueillir les nombreux invités de Madame la bâtonnière Sarah Leclère, à l'occasion de la "rentrée solennelle du barreau de Dinant". Cette "rentrée" était plutôt une "sortie" puisqu'elle butinait la fin de l'année judiciaire mais surtout parce que Dinant vivait, là, son ultime festivité en autonomie totale ! Quelques semaines plus tôt, son assemblée générale a décidé, simultanément avec celle de ses voisins namurois, d'opérer une métamorphose, comme l'ont fait Huy et Liège, les deux autres barreaux mosans, en convolant ensemble en justes noces et en unissant ainsi leur destinée[1]. Dès le 1er septembre, leur affection réciproque aidant, tous les avocats de l'arrondissement-province de Namur formeront le "Barreau de Namur-Dinant"[2]. Ce n'est pas encore décidé mais il n'est pas exclu que, comme l'ont fait les précurseurs et pionniers de l'arrondissement voisin du Luxembourg, lors de la fusion, quasi antédiluvienne, de leurs trois barreaux, les "jeunes barreaux", dinantais, d'un côté, et namurois, de l'autre, conservent une certaine indépendance : ce serait, murmure-t-on, pour avoir l'occasion de multiplier par deux leurs activités "académiques" mais, surtout, les festives (…). L'avenir nous le dira. Toujours est-il que, ce 14 juin, Dinant avait mis les petits plats dans les grands et servi à ses invités, d'abord une flamboyante revue très applaudie, même par les "non-initiés"[3], suivie d'un savoureux dîner de gala au "Moulin d'Eprave"[4]. Flamboyante, la revue le fut sous la dynamique houlette de la sémillante Aline Fery ("coachée", pour l'occasion, par deux professionnels, Frédéric et Christophe Bourdon, fils de feue la si regrettée bâtonnière Nausicaa Bourdon) et portée par des comédiens du cru, qui méritaient, chacun, un "Molière" de l'humour : parmi une pléiade de talents, j'épingle[5] Cassandra Lessire, Sophie Manise, Barbara Rouard (la "Callas" mosane !) ainsi que le tout jeune mais tellement prometteur Emilien Bastin, auxquels j'ajoute des "César" du meilleur second rôle : Sébastien Delhez, Renaud Lejeune ou Grégory Lallemand, assistés d'une kyrielle de jeunes pousses théâtrales, comme Clara Lavis qui a participé à la scénographie de cette mémorable revue dont le "gimmick" était la résistance gauloise à ce que certains Dinantais vivent comme une annexion par des "romains namurois"… On a ri à gorge déployée[6] de voir imiter et d'entendre brocarder, chambrer ou "sniper" telle ou telle figure de la magistrature ou du barreau mais aussi le chef autoritaire et antiwalloniste du gouvernement belge actuel, déguisé, non pas en gentil Jules César comme le président du tribunal de première instance, Christian de Valkeneer, mais en véritable Caligula.
Le dimanche, pour les bâtonniers et les autres personnalités qui avaient surmonté la fatigue d'une longue nuit dansante "au clair de la lune", ce fut d'abord une savoureuse visite de l'une des meilleures chocolateries du pays : Sigoji (implantée depuis quelques années à Rochefort et d'où partent de sublimes créations vers des points de vente de Ciney, Namur et même Uccle !). Le déjeuner estival qui a suivi à la belle terrasse de "La Bastide" (toujours à Rochefort) fut, m'a-t-on dit, tellement agréable que certains convives[7] voulaient, pour bénéficier de cette ambiance à titre perpétuel, se faire domicilier à Rochefort ! Celle qui, la veille, avait fait[8] un discours d'accueil remarqué et très applaudi sur le thème de l'humour, avec une mise à l'honneur de l'autodérision[9], afficha, du début à la fin des festivités, un sourire lumineux ! Ceux qui la côtoient ou la connaissent bien le savent : cela ne lui demande pas le moindre effort tellement le sourire est, chez elle, aussi constant que naturel. Il est même ce que Sainte-Beuve, l'amant de Madame Hugo, appelait "le signe le plus délicat et le plus sensible de la distinction et de la qualité de l'esprit"[10].
Jean-Marie Dermagne
Ancien bâtonnier
Tribune n°276 (26/06/25)
[1] réalisant enfin le vœu, vieux de quasi 20 ans, de votre serviteur investi de la présente chronique !
[2]et pourquoi pas l'appeler, avec une touche de romantisme, "Sambre et Meuse" ?
[3]ce que l'on appelle, dans le jargon des avocats, les "confrères étrangers"
[4]magnifique endroit, enjambant la Lomme à deux pas de l'endroit où elle se jette dans les bras de la Lesse, après avoir creusé, la première, la trop méconnue magnifique grotte de Rochefort, la seconde, l'illustre grotte de Han, avant d'aller grossir (assez peu, il est vrai, en période de sécheresse) la Meuse à une encablure des falaises qu'enjambèrent les 4 fils Aymon sur leur célèbre cheval Bayard qui y laissa l'aiguille rocheuse où il posa son premier sabot (précisions hydrologiques et historiques ou mythologiques qui n'ont d'autre but que de documenter vos connaissance et votre savoir, seule véritable liberté, comme chacun sait, selon Baruch Spinoza).
[5]avec un brin de subjectivité, certes, mais sans parti pris !
[6]de manière plus mitigée, certes, voire jaune, chez ceux qui étaient visés, votre serviteur étant, cette année, épargné sauf de manière indirecte en entendant un de ses jeunes confrères à la posture séductrice qualifier de JMD au rabais …
[7]on a parlé notamment de l'ancien bâtonnier de Verviers, Pierre Henry, et de sa charmante épouse
[8]j'évoque, bien entendu, la bâtonnière Sarah Leclère
[9]ce qui sied parfaitement à Rochefort dont je ne dois rappeler à personne qu'elle est "la cité du rire"
[10] et le constat n'est pas qu'un compliment fait par l'auteur de cette chronique à son associée et, qui plus est, la maman de deux de ses petits-enfants …
