L’appel est lancé pour réfléchir, chacun de notre côté, à la meilleure façon de replacer la relation humaine au cœur du métier d’avocat, dans lequel il n’est plus question de clients figés dans leur position et d’un avocat qui s’érige en sauveur au point de s’oublier.
C’est par ces mots que Marie Dupont, qui préface cet ouvrage, nous invite à découvrir une autre façon d’envisager le métier d’avocat, de vivre le métier d’avocat.
Notre métier a changé. Nos clients ont changé. Notre monde a changé. Nous avons changé. Nous changeons.
Vous en voulez un signe ? Le Conseil de l’Europe vient d’adopter une Convention pour la protection de la profession d’avocat. Qui aurait cru, il y a à peine vingt ans, que les barreaux européens militeraient pour l’adoption d’un pareil instrument (et que les politiques se laisseraient convaincre de l’adopter) ? Il est bien mort le temps où l’avocat, mandarin respecté, pouvait se contenter de passer de son bureau au palais, de conceptualiser les ennuis de ses clients, de les transformer en écrits de conclusions, puis de les plaider avec plus ou moins d’éloquence.
« Après tout, nous sommes des marchands de vent », a laissé un jour échapper mon père. C’était un peu vrai. Cela ne l’est plus du tout.
Aujourd’hui le droit est partout. Et il faut donc qu’il y ait des avocats partout. Car quand il y a conflit sans avocat, c’est toujours le faible qui perd.
Mais pratiquer le droit en dehors des tribunaux, cela peut requérir d’autres qualités, d’autres équilibres.
Équilibre. C’est sans doute le mot qui guide Séverine Evrard.
Comment être avocat aujourd’hui, vivre sereinement ce métier dans cet environnement qui a tant changé ?
La communication consciente et constructive est un outil au service du placement de l’humain au centre de la relation avocat-client et de la relation de l’avocat avec ses pairs, en cernant mieux les besoins de chacun afin de vivre le métier dans le respect de soi et des autres, d’une manière plus sereine et enrichissante.
L’idée de Séverine Evrard est de développer une pratique qui soit à la fois plus respectueuse des attentes véritables du client (par exemple : que cherche-t-il vraiment ? « Gagner son procès » ou être définitivement débarrassé d’un conflit qui le mine) et des attentes de l’avocat lui-même (de même, quel est son but véritable ? « Gagner » des procès ou trouver des solutions apaisantes tant pour lui que pour son client).
Il est donc clair qu’elle ne s’adresse pas à tous nos confrères. Seulement à ceux qui, ne voyant pas notre métier comme un jeu de stratégie, veulent explorer des solutions comme la médiation, le droit collaboratif, les MARC en général, pour aider leurs clients à retrouver un cadre de vie plus épanouissant.
Et, pour ce faire, il faut qu’eux-mêmes trouvent un mode d’exercer avec cette aspiration. Cela passe notamment par une autre façon de communiquer avec le client, de l’interroger, de rechercher ses véritables intérêts, ses véritables attentes, derrière les positions parfois trop tranchées qu’il adopte. Et cette autre façon de communiquer, elle s’apprend. Elle ne va pas de soi.
Chacun est à sa juste place, il n’est plus question d’un client figé dans sa position de victime et d’un avocat qui s’érige en sauveur au point de s’oublier. Le respect de soi et de l’autre gouverne l’application de la méthode holistique à chaque niveau des relations et des actions menées. La solution au litige est ainsi mûrie, rapide, globale et réelle.