Il y a un an, je nous souhaitais la meilleure année judiciaire possible.
Il y a deux mois, je nous souhaitais un bel été.
J’ai bien envie de ne plus rien vous souhaiter !
Alors que la pandémie semble relativement maîtrisée en Belgique, avec sans doute un point un peu plus faible à Bruxelles, nous pouvions espérer un été reposant et réparateur. C’était sans compter sur une météo particulièrement capricieuse. De nombreux concitoyens ont été touchés par les inondations du mois de juillet. Ce fut le cas pour de nombreux confrères notamment à Liège, Verviers, Dinant ou Wavre. Dans certains cas, l’eau a tout détruit : plus de bureau, plus de dossiers, plus d’ordinateur, plus d’électricité, … Je ne peux rédiger ce petit mot sans penser d’abord à eux.
La solidarité organisée par les divers barreaux fut extraordinaire. Je salue tous ces gestes de soutien à l’égard de nos confrères ainsi que toutes les initiatives prises par les barreaux pour aider les sinistrés. De tels gestes, souvent discrets et efficaces, font la grandeur de notre profession.
L’actualité internationale ne nous apporte pas beaucoup d’occasions de nous réjouir. Le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan nous fait craindre pour la vie des intellectuels de ce pays et, pour ce qui nous concerne, plus particulièrement pour les magistrats et avocats, plus encore si ce sont des femmes. La frilosité de la réaction internationale et la lâcheté d’un départ précipité des forces d’occupation posent question. C’est notamment la problématique du droit et du devoir d’ingérence lorsque le respect des droits fondamentaux de populations entières est menacé.
Malgré tout cela, je veux rester optimiste.
De nombreux indicateurs nous laissent entrevoir une reprise économique dans notre pays et un retour à la croissance. Nous savons qu’une telle perspective aura également des conséquences positives pour la profession. Nous devons être nous-mêmes des acteurs de cette reprise. AVOCATS.BE travaille avec les acteurs du monde de l’entreprise et les présidents des tribunaux de l’entreprise pour placer les avocats dans ce mouvement.
Cette année doit être l’occasion de réfléchir sur le rôle de la justice dans notre société, aujourd’hui, en Belgique. J’ai déjà relevé, dans ces colonnes, la perception souvent trop économique du fonctionnement du pouvoir judiciaire. Comme acteurs de justice, nous devons initier cette réflexion pour ensuite interpeller le monde politique avec des solutions réalistes mais respectueuses des principes fondamentaux de notre démocratie. Des propositions seront faites en ce sens.
Les valeurs essentielles de notre profession ne doivent pas être un obstacle à notre évolution. Nos règles déontologiques ne doivent pas devenir un handicap mais bien rester un atout à valoriser. Nous devons proposer des solutions pour maintenir au mieux l’indépendance du barreau et des avocats et renforcer encore le secret professionnel. Une après-midi d’études y sera consacrée, en partenariat avec l’OVB et le barreau de cassation, le 27 octobre prochain dans le cadre de la journée européenne de l’avocat. Nous y reviendrons.
Nous devons redoubler d’efforts pour entrer dans l’ère technologique. Dans divers domaines, nous avons pris du retard et nous devons éviter de nous faire dépasser. Mais cette évolution technologique doit rester au service de l’homme et de la société. Elle doit devenir un atout pour une amélioration de la qualité des services de l’avocat. Elle ne peut devenir un concurrent dangereux. Il appartient aux avocats de s’approprier ces nouvelles technologies. Des propositions seront faites en assemblée générale des bâtonniers.
Il y a du travail. Il y a des perspectives et celles-ci peuvent être heureuses. Après cette période étrange que nous avons vécue ces 18 derniers mois, je fais le pari de croire en des jours bien meilleurs.
Tout cela ne pourra se faire qu’avec votre aide, vos idées, vos projets. Merci déjà de nous les transmettre.
Bref, je fais le pari fou de vous souhaiter une belle année judiciaire à toutes et tous.
Votre très dévoué,
Xavier Van Gils
Président.