Retrouvez dans cette rubrique l’expression, l’injure, le mot et la curiosité grâce auxquels vous pourrez tenter de paraître intelligent et cultivé en société !
L’expression : Se faire prendre pour un pigeon
C’est depuis la fin du XVe siècle que le pigeon, par métaphore, désigne une dupe, un homme qu’on attire dans une affaire pour le dépouiller, le tromper.
De ce mot est dérivé le verbe pigeonner.
Et c’est l’étymologie du mot dupe qui nous explique cette métaphore.
Dupe vient en effet de huppe, nom d’un oiseau qui doit son nom à sa huppe, sa crête. Dé-hupper (contracté en duper), c’est enlever la huppe de l’animal, donc le plumer. Autrement dit, le dupé s’est fait « plumer ».
Ce qui nous fait passer par une autre métaphore, qui date du XIIIe siècle, où la personne qui s’est fait plumer est celle qui a été dépouillée (comme l’oiseau a été dépouillé de ses plumes), ou autrement dit, volée.
Le pigeon est un animal bien plus fréquemment rencontré que la huppe, mais est tout aussi « déplumable ». Il est donc rapidement devenu un synonyme de dupe, puis de sot, puisque celui se laisse duper est forcément considéré comme un imbécile.[1]
L’insulte : Panoufle
Vieille femme.
La panoufle était un lambeau de peau (en général de mouton, avec sa laine) que l’on plaçait dans les sabots pour amortir le contact avec le bois. Ou qui garnissait les sabots selon le Littré[2]. Le mot a servi ensuite à désigner une chose ou une personne vieille et de peu de valeur[3], puis simplement une vieille femme[4].
Le mot : Saumon, n.m., Techn.
Masse de plomb ou d’étain telle quelle provient de la fonte.
Aussi : Vase dans lequel le cirier fait fondre la cire.
La curiosité : La famille « Peler, pelouse, pluche et poil »
Le nom pelouse est une forme dialectale, probablement empruntée au provençal pelouso, féminin de l’adjectif provençal pelous, issu du latin pilosus, lequel est dérivé du nom pilus, « poil ».
Pelouse apparaît en français vers 1582, avec le sens de « terrain couvert de gazon ». Evidemment, le nom poil, présent dans un texte français daté d’environ l’an 1100, vient lui aussi du latin pilus. Amusant : de nos jours, on utilise une tondeuse pour la pelouse ainsi que pour les cheveux.
Mais ce n’est pas tout ! La latin pilus a aussi donné le verbe latin, pilare, « arracher les poils, épiler », d’où vient le verbe peler, dont le premier sens, vers 1100, était… « arracher les poils d’une personne » ! C’est en se croisant par étymologie populaire avec le nom d’ancien français pel, « peau », que, à la même époque, peler prit pour second sens « ôter la peau », notamment celle des fruits. Et le verbe pilare donna aussi le verbe peluchier, « éplucher », attesté vers 1180, à l’origine de peluche, « étoffe de soie proche du velours » (1591). On pouvait enfin fabriquer des jouets en forme de petits animaux.
[1] Je ne puis m’empêcher ici de redorer le blason du pigeon et lui rendre hommage, accompagné par le magnifique poème récité par Benoît Poelvoorde dans le fim « C’est arrivé près de chez vous » en 1992 :
« Pigeon,
Oiseau à la grise robe,
Dans l’enfer des villes,
A mon regard tu te dérobes,
Tu es vraiment le plus agile »
https://www.youtube.com/watch?v=koRPuV4NPBs
[2] Littré qui précise : XIIIe siècle : « L'en te devroit en ung putel Tooiller cum un viex panufle » [haillon], Le Roman de la Rose.
[3]Y sont tous que des truands et, lui, l’est quelqu’un d’ici ! On sait pour qui y vote et y s’en flatte. L’a été alpagué par la PJ : savoir ce qu’on lui fera ? Si cette panoufle sera pas bientôt de retour ? A ce moment, gare. — (Mohammed Dib, Comme un bruit d'abeille, 2001
[4] En argot, il signifie aussi une perruque. En boucherie, il s’agit d’un morceau de viande grasse d’agneau ou de veau recouvrant les côtes.