Tout cela datait d’une période d’agitation mondiale : mars 2020. A cette époque, dans tous les couloirs de tous les ministères, l’on tentait de séduire l’opinion publique car elle était confrontée à de terribles injonctions issues de lois d’exception, et de pouvoirs spéciaux.
Chacun sait ce que de tels pouvoirs sont capables de concocter et certains, du reste, ne s’en privèrent point.
Nous étions en 2040 à présent et sans verser dans la superstition, il était clair que ce chiffre, suivant immédiatement 2039, rappelait à certains historiens, employés du pouvoir, qu’il s’agissait d’être prudent, C’est alors que l’État créa le ministère de l’Impossible : il s’agissait d’éviter ce possible de triste mémoire. Ainsi, rien de fâcheux n’adviendrait plus…
Un flux, c’est un courant. Un reflux, c’est un contre-courant. Un mascaret, c’est la rencontre d’un courant et d’un contre-courant. C’est donc une zone de turbulences.
Pour son troisième recueil de nouvelles[1], Corinne Poncin fait dans l’épure. Ses textes deviennent plus brefs, plus elliptiques. Entre prose et poésie.
Balade sur une plage où gît le corps d’une naïade en maillot noir. Rencontre imaginaire entre Marie Curie et Ray Ventura. Dîner gastronomique un jour de mardi-gras. Incident matrimonial sur fond de #Metoo. Étrange promenade en forêt… Dans les zones de turbulences, la nature devient parfois surréaliste.
Il y a dix nouvelles. Chacune d’elle est joliment illustrée par Chawa. Une autre voie pour percer les mystères des mascarets.
Faire un pas de côté et se pencher. Regarder autrement. Voir ce que les autres ne voient pas. Et le raconter. Pour ceux qui entendent ce que les autres n’écoutent pas.
Moi, je n’ai pu résister à me plonger dans son regard de papier.
J’ai cherché en vain ce qui avait pu s’y égarer.
Patrick Henry,
Ancien Président