Ce 6 décembre s’est tenu, dans les beaux locaux de la FEB, le Digital Justice Summit.
La matinée a été marquée par une intervention pleine de hauteur de Luc de Brabandere, une réflexion éclairante sur la manière dont nous appréhendons le changement.
Ce changement qui, avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, oblige tous les acteurs de la justice à appréhender autrement leurs fonctions. Et, avec l’intervention de Raluca Peica, on a effectivement pu voir comment l’innovation modifie les pratiques au sein de la justice européenne.
Il fut encore question de la maîtrise du changement avec Valérie L’heureux (de PWC) et Ingrid Derveaux (magistrate française) le matin, et avec Jan Roggen (Deloitte Legal) et Khedi Verhaeghe (Wolters Kluwer) l’après-midi. C’est assurément la clé pour adapter notre pratique, et surtout la faire adopter par nos équipes.
Mais il faut pour cela que l’infrastructure de l’État suive. Plusieurs représentants du cabinet et de l’administration de la Justice sont venus faire le point sur l’évolution des outils de gestion de la justice : JustView (accès aux dossiers), JustCourt (audiences en visioconférence), JustCase (gestion des dossiers judiciaires), etc. À l’enthousiasme – parce que beaucoup de chantiers ont été lancés pour digitaliser la justice – succède l’inquiétude – parce que nombre d’entre eux n’ont pas été finalisés sous cette législature.
L’exemple le plus emblématique est sans doute celui de la base de données des jugements et arrêts, dont on ne sait toujours pas quand elle sera effectivement fonctionnelle pour toutes les juridictions. Il faut que l’État se ressaisisse, que le nouveau ministre mette en place une organisation déterminée et rigoureuse pour une collaboration efficace avec le SPF, où les rôles de chacun sont bien définis, et où l’on progresse enfin jusqu’à la mise en production de tous les projets Just… actuellement en cours. Mais, pour cela, il faudra des moyens, et l’Arizona n’en a pas encore discuté.
Les avocats ne peuvent pas attendre. Ce sont des entreprises qui vivent dans un milieu concurrentiel. Ils doivent donc s’emparer des outils d’intelligence artificielle.
La présentation sur la méthodologie d’interrogation de l’intelligence artificielle générative par François Wéry et Benoît Evrard a été fort appréciée : du concret pour travailler efficacement ! Florian Ernotte et Maarten Truysens ont poursuivi sur l’automatisation.
La journée s’est terminée par un bilan carbone, qui nous confronte à nos contradictions. Les chiffres de l’impact écologique de l’utilisation de l’intelligence artificielle nous ont été présentés par Guirec de Wouters, et notre confrère François Boden nous a expliqué concrètement la remarquable démarche écoresponsable suivie par son cabinet.
Saluons enfin le dynamisme de Stanislas Van Wassenhove, qui, année après année, nous montre les pistes qui permettent à la justice et à l’avocature d’entrer dans l’avenir.
Olivier Haenecour,
Administrateur