C’est ce samedi dernier, le 19 mars 2022, que s’est tenue la Rentrée Solennelle du Barreau de Verviers.
Celle-ci se déroulait, pour les discours et la revue, au Centre Culturel de Spa. Quant à la soirée, les convives ont eu l’immense chance de pouvoir profiter des infrastructures du Circuit de Spa-Francorchamps, dans la salle de réception dite de l’ « Eau Rouge » (oui, oui : comme le célèbre raidillon !).
Mentirais-je si je disais que cette rentrée était sans doute de l’un des meilleurs crus ? Dirais-je la vérité si j’affirmais sans scrupules que rien ne fut laissé au hasard lors de cette magnifique journée, avant tout symbole d’une liberté enfin retrouvée ?
Ces interrogations ne diront peut-être rien aux confrères et consœurs n’ayant pas eu la chance d’écouter la joute verbale ayant opposé l’oratrice de rentrée, Maître Laeticia CAMPAGNA à Monsieur le Bâtonnier Renaud HEINS et pourtant, c’est sur ce thème que celle-ci a choisi de s’exprimer : le droit de mentir.
Quelle étrangeté, quand l’on y songe, non ? Pourquoi mentir devant la justice serait-il autorisé ? Et pourquoi ne le serait-il pas en société ? Est-ce si mal de mentir en dehors d’une salle d’interrogatoire ?
S’interrogeant successivement sur les origines sociologiques du mensonge et ses conséquences sociales, c’est un véritable exercice d’introspection qu’a proposé Maître CAMPAGNA.
Du simple mensonge de politesse (« Oui, il est très beau ton enfant ! »), au mensonge destiné à écarter une douloureuse vérité (« Ton poisson rouge n’est pas mort, il est parti dans un endroit magique où tous les poissons rouges se retrouvent et font la fête ! »), rien ne fut écarté.
Passant successivement de la représentation infantile du mensonge au sein du dessin animé « Pinocchio », réalisé par Disney, jusqu’aux impératifs catégoriques de Kant et aux écrits de Saint-Augustin, Maître CAMPAGNA a amené son assemblée à s’interroger sur ce phénomène social bien particulier qu’est le mensonge.
Pour clôturer son discours, Maître CAMPAGNA a invité l’assemblée à se livrer à un petit exercice pour le moins interpellant : ne pas mentir, pendant 48 heures. Et si l’envie y prenait, réfléchir aux incitants conduisant sur cette voie… Inutile de dire qu’un tel exercice a eu pour effet de renvoyer son public averti à ses propres contradictions !
Puis est venue la réplique de Monsieur le Bâtonnier.
Celui-ci a continué sur la même voie que Maître CAMPAGNA, dont il n’a manqué de vanter la qualité de l’intervention (ou était-ce un mensonge… ?). S’attardant sur le mensonge dans l’histoire de l’art et de la musique, l’approche de Monsieur le Bâtonnier se voulait avant tout culturelle.
Ainsi, connaissiez-vous l’histoire derrière les paroles de « Lyin’ Eyes » des Eagles ? Magnanimes, nous vous partageons l’anecdote. Glenn Frey et Don Henley se trouvaient dans leur bar préféré lors qu’ils y ont aperçu une belle jeune femme passant la soirée avec un homme riche et beaucoup plus âgé. Glenn Frey a alors déclaré « Elle ne peut même pas cacher ces yeux qui mentent ». Une légende était née.
Ce qui est sûr, c’est que Maître HEINS n’aura pas menti à l’assemblée en promettant un champagne frais et une ambiance au beau fixe dans le Salon Bleu du Centre culturel de Spa où se tenait la réception.
Une fois celle-ci terminée, venait la revue : les invités ont eu l’occasion de suivre une nouvelle enquête de la Pat’patrouille… comprenez par-là le Parquet de Verviers. Fort de sa gestion exemplaire dans l’ « affaire du cycliste des Fagnes » (est-un mensonge… ?), celui-ci était chargé d’enquêter sur un nouveau drame : l’explosion criminelle du Palais de Verviers.
Suspectant d’abord un petit groupe de quatre avocats du Barreau de Verviers encore fameusement éméchés de la Rentrée du Barreau, celui-ci finira par découvrir que ce crime avait en réalité été commandité par Madame la Juge d’Instruction Béatrice ABSOLONNE, pourtant Présidente de Division !
Celle-ci avait requis les services d’un détenu russe de la prison de Lantin à qui elle avait promis un bracelet électronique en échange de ses services… explosifs.
Nonobstant la culpabilité évidente de celui-ci, les auteurs de la revue n’ont pas manqué de pointer du doigt les véritables coupables de la tragique situation dans laquelle se trouve actuellement le Palais de Justice de Verviers : la Régie des Bâtiments et le Boulevard de Waterloo !
Une fois cette belle revue terminée, les invités ont été amenés à se déplacer sur « le plus beau circuit du monde » où s’est tenue la réception finale de cette belle journée de samedi, prolongée par une soirée dansante, jusqu’aux petites heures du matin…
Le dimanche, l’action se déplaçait à l’abbaye de Stavelot entre l’énergie des bolides exposés au musée du circuit de Spa-Francorchamps et la quiétude musicale d’un concert de piano, donné par Monsieur Benjamin THOME, pianiste de renommée internationale…
La journée s’acheva sur un délicieux repas dans la salle des gardes où les convives présents prolongèrent les réjouissances jusqu’au milieu de l’après-midi avant de s’en retourner heureux avec la promesse de bientôt se retrouver.
Bref, qu’il était bon de boire, manger, danser, discuter démasqués et de rire de longues heures durant ! Une liberté retrouvée, au goût si particulier, celui de l’insouciance.
Yannick FADEUR,
Avocat au barreau de Liège-Huy
