Retrouvez dans cette rubrique l’expression, l’injure, le mot et la curiosité grâce auxquels vous pourrez tenter de paraître intelligent et cultivé en société !
L’expression : Chasser le naturel, il revient au galop
Cette presque systématique vérité qui veut que quelqu’un ne puisse dissimuler sa vraie nature a été couchée sur papier il y a déjà bien longtemps.
C’est chez Horace, au cours du dernier cinquantenaire av. J.-C. que, dans ses Epîtres, on trouve la phrase naturam expellas furca, tamen usque recurret qu’on peut à peu près traduire par : « Chasse la nature à coups de fourche, elle reviendra toujours en courant ».
Masi c’est Destouches (Philippe Néricault) qui, en 1732, dans sa comédie Le Glorieux, a fait passer notre expression à la postérité.
Dans cette histoire, le protagoniste est un homme infatué de sa personne qui, noble ruiné, s’est mis en tête d’épouser la fille d’un riche bourgeois. Mais la promise hésite fortement devant l’orgueil trop visible du prétendant dont la suivante, Lisette, lui conseille de moins montrer ses défauts en lui disant :
« Je ne vous dirai pas : changez de caractère ;
Car on n’en change point, je ne le sais que trop ;
Chassez le naturel, il revient au galop ».
De la comédie Le Glorieux de Destouches, on a aussi retenu deux autres grands classiques dont la forme a pu un peu varier depuis le XVIIIe siècle : « Si quelqu’un vient me voir, je n’y suis pour personne » et « La critique est aisée et l’art est difficile », cette dernière étant si connue qu’il suffit parfois de n’en citer que le premier hémistiche pour être immédiatement compris.
L’insulte : Arpalian
Vaurien, fainéant.
Certains pensent que le terme serait un dérivé d’harpaille, nom donné autrefois une troupe de bandits. D’autres l’attribuent à une déformation d’«orpailleurs», ces chercheurs d’or dans les rivières qui n’avaient pas toujours bonne réputation.
Le mot : Fagoue, n.f.
Ris de veau[1].
(Oui, c’est tout… juste pour faire l’intéressant au restaurant ! Et que j’aime les ris de veau !)
La curiosité : La famille « Bouge et budget »
Attesté vers la fin du XIIe siècle, le nom bouge avait le sens de « valise, coffre, sac ». Il produisit d’abord un dérivé diminutif, bougette, « petit sac de cuir ». Bougette traversa la Manche et prit chez nos voisins et néanmoins amis anglais la forme budget : dans un texte de 1432, il signifie « sac de cuir », puis plus tard, en 1733, « moyens financiers », sens que nous lui connaissons. Toutefois, ayant probablement le mal du pays, budget revient en France en 1764, avec cette même signification.
Mais bouge eut aussi un sens métaphorique : à partir de celui de sac, « objet bombé », il développa celui de « partie bombée d’une chose », attesté au XIIe siècle. On le rencontre ensuite, vers 1200, avec le sens de « petite pièce arrondie, grenier ». Ce sens de « petite pièce » se retrouve en 1671 dans le mot bouge, « petite chambre de valet », avant que le nom ne soit attesté en 1732 avec la signification de « logement misérable », et enfin, dans les dernières années du XIXe siècle, celle de « lieu mal famé », qui nous est toujours familière.
[1] La plupart des dictionnaires généraux, hormis Le Robert, qui n’enregistre pas le mot à la nomenclature, notent que le terme signifie aussi « pancréas du porc ».