Accabler quelqu’un, lui faire de violents reproches ou l’humilier publiquement. Livrer quelqu’un au mépris public, le couvrir de honte.
En cette fin d’année, il est de bon ton de réfléchir au pardon, à la bienveillance, à l’amour de son prochain… Et tous ces merveilleux sentiments louables emmêlés dans les guirlandes de quartier sous la houlette de Mariah Carey. Hé bien non. Il est aussi temps d’être méchant, car le Grinch est trop cool malgré tout !
L’expression du jour est basée sur une histoire très ancienne, mais attestée au début du XIXe siècle chez Lamartine.
Les gémonies étaient à Rome un escalier raide situé au flanc nord-ouest du Capitole et visible depuis le Forum. On y exposait les corps des condamnés à mort, souvent par étranglement mais aussi d’autres méthodes délicieuses dont on a malheureusement perdu la coutume. Il était souvent de bon aloi de laisser ces cadavres mutilés par des charognards, afin de servir d’exemple.
Séjan, ou Vitellius y ont d’ailleurs été exposés.
Cet escalier tire son nom du latin scalae gemoniae, qui signifiait « l’escalier des gémissements » (certains locataires des lieux n’étant donc apparemment pas tous passés à trépas).
La coutume aurait débuté en 385 av. J.-C. sous le règne du « dictateur » Camille[1].
Vous l’aurez compris, être « livré aux gémonies » signifiait donc une humiliation publique, devenir l’objet de la haine et de la vindicte populaire. Par extension donc, aujourd’hui, vouer quelqu’un aux gémonies veut dire le critiquer violemment, l’accabler de reproches en public, l’attaque avec opprobre.
A défaut d’escalier, allumez la télé…
L’insulte : Bilboquet
Personne qui était le « jouet » des autres. Equivalent de notre « pigeon ».
Le mot : Bilboquet, n.m.[2]
Constr. : Pierre médiocre employée comme moellon.
Imprim. : Petit ouvrage de ville, têtes de lettres, cartes de visite, factures, etc.
Techn. : Morceau de fer dans lequel le monnayeur ajuste le flan. Outil de doreur.
La curiosité : Etymologie sympathique – Malotru
Cet adjectif vient du latin male astrucus, « né sous une mauvaise étoile ». Il est attesté en 1175 avec le sens de « malheureux », puis, vers 1200, avec celui de grossier, balourd ».
Sale évolution pour le malchanceux…
Jean-Joris Schmidt,
Ancien administrateur
[1] Attention, dictateur ne veut pas dire Tyran… Le dictateur Marcus Furius Camillus fut consacré dictateur à cinq reprises, ce qui confirme la confiance qu’on lui accordait. Le dictateur est un magistrat exceptionnel nommé pour une mission précise avec pouvoirs amplifiés et pendant 6 mois maximum. Notre Camille est donc considéré comme héros national et modèle de vertu romaine. Il incarne la résilience de Rome dans ses débuts fragiles et est à l’origine d’exploits tels que la prise de Véies en 396 av. J.-C., lui valant le surnom de « second fondateur de Rome » et le sauvetage de Rome contre les Gaulois de Brennus en 390 av. J.-C. Un chic type donc.
[2] Et pour se décontracter : https://www.youtube.com/watch?v=jLSIi4NI_Oc Une petite musique, d’origine roumaine, devenue célèbre grâce à Vladimir Cosma et reprise ici sous le nom de Bilboquet par Polo & Pan, dont je vous conseille l’excellent Ani Kuni qui ne pourra que vous mettre de bonne humeur https://www.youtube.com/watch?v=ootQs7sVulY . Ne me remerciez pas.