Résultats et analyse du sondage Covid-19

Chers Confrères,

Vous fûtes 2.676 confrères à répondre au premier sondage organisé lors de la crise sanitaire. Vous êtes aujourd’hui 3.828 répondants et nous vous remercions d’avoir été si nombreux à avoir fait entendre votre voix et nous permettre de proposer un échantillon très représentatif de nos barreaux[1].

Il est évidemment rassurant de constater, au niveau statistique, que, comme lors du premier sondage, nous pouvons observer une répartition entre hommes et femmes, et entre tranches d’âge, représentative de la composition des barreaux. On appréciera aussi une participation accrue des stagiaires, même si 38% des répondants ont plus de 20 ans d’ancienneté au barreau.

En général ici, les résultats sont indépendants du genre (ou du sexe selon les affinités syntaxiques).

Au niveau de ces répartitions, un quart d’entre vous travaille totalement seul, et plus d’un tiers seul mais avec un collaborateur ou un stagiaire. Les deux tiers restants se répartissent entre associations et collaborateurs ou stagiaires.

Le travail c’est la santé… certes, mais en cette période de COVID, malgré un travail acharné, votre santé a malgré tout été mise à mal puisque 16% des répondants ont été infectés par le virus et furent incapables de travailler, en grande partie durant deux semaines.

6% d’entre vous nous disent avoir été victimes de problèmes psychologiques ayant nécessité un suivi thérapeutique. Cela peut sembler peu et l’on serait tenté de se dire que les avocats continuent d’avancer contre vents et marées, mais cela représente malgré tout plus de 200 confrères. La quarantaine s’est, elle, abattue sur 40% d’entre vous.

Les constats du premier sondage se confirment quant au pouvoir d’adaptation de l’avocat. A l’époque, beaucoup réfléchissaient à une réorganisation de leur cabinet et de son fonctionnement. C’est maintenant 55% d’entre vous qui ont modifié leur lieu de travail, mais peu ont transféré le siège de leur cabinet et quand c’est le cas, c’est en général temporaire.

Alors qu’en première phase de la pandémie 70% des répondants avaient partiellement arrêté leur activité, 20% conservant une activité normale (10% ayant totalement arrêté), durant cette seconde phase ce sont63% des avocats qui ont subi une réduction de leur chiffre d’affaires, dont la majorité une réduction de maximum 50%. Le volume même des activités a diminué pour 62% d’entre vous, en moyenne d’un tiers. Un très petit nombre a vu augmenter l’activité, très légèrement.

Mais on affinera le propos en constatant qu’à nouveau 69% des avocats inscrits au tableau sont touchés. Et les confrères élevant au moins un enfant sont aussi légèrement plus touchés (10% de plus).

A nouveau la tendance du premier sondage se confirme puisque la diminution du chiffre d’affaires touche bien plus les avocats exerçant seuls (80% affectés) par rapport à ceux exerçant en commun ou par rapport aux collaborateurs et stagiaires (30% affectés). Avec en grande majorité pour ces petites structures une réduction de 25 à 50% du chiffre d’affaires, mais rarement supérieure à 50%.

Cette diminution de revenus touche de même moins les confrères ayant une clientèle diversifiée.

Dans ce maëlstrom de données, constatons que les confrères pratiquant le droit des étrangers (81%), le droit des personnes (jeunesse 76% et 75% famille), la médiation (75%) ou le droit pénal (75%) sont les plus touchés par cette diminution de revenus. Ils sont fatalement aussi plus touchés par le risque de solvabilité à court terme (40%).

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Après ces premiers constats, à brûle-pourpoint, une pause positive s’impose : plus de la moitié d’entre vous a été consultée pour des questions relatives à la COVID ! L’avocat se réinvente sans cesse.

Mais revenons-en aux difficultés et aux solutions : près de la moitié d’entre vous se heurte à l’écueil du non-paiement de ses factures, mais rarement pour un montant de plus de 50% du montant réclamé, ce qui reste rassurant. Les petites structures sont toujours les plus touchées.

On sera aussi relativement rassuré en constatant que 80% des avocats continuent actuellement d’occuper le personnel salarié normalement. Pour les autres, le chômage partiel pour raisons économiques reste l’alternative la plus utilisée, même si une cinquantaine a eu recours au licenciement. Le télétravail n’est utilisé par la majorité du personnel qu’à concurrence de moins de 25% du temps de travail.

Face à l’adversité, des aides vous ont été proposées. On se souviendra que durant la première vague, très peu ont répondu à cette question, mais le droit passerelle arrivait en tête avec 70% de demandes, suivi par les demandes de postposer les paiements de la TVA et des cotisations sociales (30%).

Bien qu’alors nombreux furent ceux qui se plaignirent du caractère inadapté de ce droit passerelle à notre profession, c’est toujours ce dernier qui est le plus attractif, ayant été demandé 1369 fois et accordé 1322 fois. Il ne semble par contre quasiment plus envisagé… ce qui semble indiquer une reprise plus régulière du travail.

A l’époque toujours, beaucoup aussi ont regretté le manque d’aides fédérales, régionales, ou ordinales.

L’intervention du Fonds COVID-19 a néanmoins été peu demandé récemment mais est maintenant envisagé par 396 d’entre vous, soit 10 %. La prime régionale complémentaire a été sollicitée par 603 et obtenue par 535 participants au sondage. Les allocations parentales ont aussi été mises à profit.

En vrac :

  • Si seulement 191 d’entre vous ont demandé un report de paiement des cotisations à l’ordre (et 166 l’ayant obtenu, tandis qu’une dispense même a très peu été demandée mais est de plus en plus envisagée), 326 l’envisagent, mais le reste d’entre vous n’y songe pas.
  • Quant au report TVA, il y a eu 132 demandes, 109 obtentions et 250 l’envisagent, tout comme pour les cotisations sociales pour lesquelles 433 l’ont demandé, 380 obtenu et 289 l’envisagent.
  • Le reste des aides (postposer l’IPP, ISOC, PP, PI) est peu utilisée, même si 335 envisagent un report de l’IPP. Ceci témoigne sans doute d’une vision assez sombre de l’avenir suite à la COVID et le fait qu’il devient difficile de maintenir son rythme financier indéfiniment. 16% d’entre vous craignent d’ailleurs de ne pouvoir honorer les prochaines échéances de paiement.
  • Vous êtes de plus en plus nombreux à envisager la dispense de cotisations sociales (355), la réduction de ces dernières (411), un plan de paiement TVA (216), de cotisations sociales (301) ou de l’IPP (303). Une centaine en a fait la démarche déjà.
  • Toujours une centaine des avocats ayant répondu au sondage a obtenu ou envisage une suspension du paiement d’un remboursement hypothécaire ou d’autres dettes.

Au final, le climat anxiogène généré par cette pandémie n’arrive pas à décourager la majorité d’entre vous, puisque 84% ne craint pas de ne pouvoir honorer les nouvelles échéances suite à ces reports. Certes, 32% craignent par contre une crise de solvabilité à court terme.

Rappelons-le, le service social, très professionnel, d’AVOCATS.BE ou de votre barreau, peu consulté mais montrant de l’intérêt pour 175 d’entre vous, est à votre écoute, vous accueille toujours simplement, à bras ouverts, en toute discrétion et confidentialité. N’hésitez pas à contacter l’excellente Bérengère Lefranc, psychologue du service social d’AVOCATS.BE, par téléphone au 0473/17.00.91 ou par mail service.social@avocats.be), ou la commission sociale de votre barreau.

On déplore 3 PRJ, des faillites sont annoncées mais « seules » 25 envisagées.

Par la force des choses, 210 ont donc emprunté de l’argent, dont la plus grande partie à la famille plutôt qu’à un organisme de crédit. Et c’est toujours envisagé par 140 d’entre vous.

Plus inquiétant, l’épargne. Cette dernière a été sollicitée par 1228, soit un tiers.

Cette pandémie semblant interminable arrivera-t-elle néanmoins à désenchanter certains d’entre vous ?

Dix pour cent envisagent de quitter la profession en raison de cette crise (14% pour le barreau de Namur et 15% pour le Brabant Wallon. A Bruxelles, il s’agit de 8%). Dont 72% de ceux-ci pour se diriger vers le public ou le privé. Il s’agit essentiellement de confrères entre 30 et 40 ans, ceux exerçant en commun étant peu concernés (4% contre 14% exerçant seuls).

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Terminons sur des notes positives, ou à tout le moins sur le constat que de nouvelles pratiques perdureront et que cette crise apporte aussi des réflexions sur notre travail, notre vie, et notre avenir.

En effet, la crainte des déplacements et l’accès moins fréquent au Palais ont amené 39% d’entre vous à une utilisation plus intensive de la DPA.

La réorganisation des cabinets ne semble pas être à l’ordre du jour pour 84% d’entre vous. La dématérialisation du cabinet n’est pas envisagée par 50% d’entre vous.

Mais vous êtes nombreux à songer, après la crise, à encore recourir au télétravail (68%), au travail à domicile (56%) ou à l’utilisation de la DPA (57%).

Le télétravail et la vidéoconférence semblent d’ailleurs être des solutions qui à l’avenir seront considérées à presque 100% par les plus grosses structures. Tandis que les plus petites semblent convaincues par l’utilisation de la DPA.

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Si cette crise a donc entraîné des effets négatifs, elle modifiera certainement les méthodes de travail de beaucoup d’entre nous, nous amenant à nous moderniser.

Les informations reprises sur le site d’AVOCATS.BE furent utiles à plus de 60% d’entre vous et nous sommes ravis de pouvoir vous être utiles. A ce propos, vous êtes en grande partie satisfaits des informations mises à votre disposition par AVOCATS.BE et votre barreau.

Près d’un tiers d’entre vous ont aussi eu recours à des formations, surtout celles proposées par vos barreaux (959).

Quant à un temps libre imposé par cette crise, peu semblent en avoir « profité », jonglant souvent entre les enfants et le travail. La gestion familiale est très complexe pour beaucoup, notamment suite à la fermeture des écoles. Très peu de projets de formations, d’études ou d’écritures d’autre part.

Mais certains ont mis ce temps à profit pour offrir des moments privilégiés et qualitatifs à leur famille, se retrouver, réfléchir à leur avenir et à la profession, faire le point ou … plus de sport.

Des centaines de réponses aux questions ouvertes exposent, parfois longuement et de façon précise, des idées, des plaintes, des remerciements, des coups de gueule… Elles sont trop nombreuses pour être ici brièvement analysées et sont décortiquées pour être soumises aux barreaux. Nous vous remercions pour ces prises de position massives.

Enfin, l’humour de certains reste intarissable et c’est donc avec sincérité que nous envoyons nos meilleures ondes à ceux qui profitent de ces instants pour se mettre à l’étude du grec, à la permaculture, à la lecture des Mémoires de Saint-Simon ou des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, ou … à la procrastination.

Nous restons à vos côtés, à votre écoute, et vous souhaitons avec force et vigueur une tintinnabulante bonne « meilleure » année.

 

Jean-Joris Schmidt, 
Administrateur

 

[1] La collecte des réponses au sondage COVID-19 d’automne totalise 3828 réponses réparties de la manière suivante :

  • Brabant Wallon : 277
  • Bruxelles : 2036
  • Charleroi : 261
  • Dinant : 38
  • Eupen : 32
  • Liège-Huy : 554
  • Luxembourg : 96
  • Mons : 156
  • Namur : 180
  • Tournai : 81
  • Verviers : 53

64 questionnaires doivent être écartés de la collecte, les répondants n’ayant pas été suffisamment loin dans le questionnaire pour que leurs réponses soient exploitables.
La présente étude examine spécialement l’impact de la pandémie de covid-19 sur les avocats de l’Ordre des barreaux francophones et germanophone (OBFG – AVOCATS.BE). Elle a été réalisée dans le cadre d’une collaboration entre AVOCATS.BE, l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles et le Centre Perelman de l’Université libre de Bruxelles.
Les données de l’étude proviennent d’un sondage administré entre le 1er novembre et le 23 novembre 2020 aux 8.121 avocats de l’OBFG disposant d’une adresse électronique. Le sondage a ramené 3.797 réponses exploitables dont 799 questionnaires partiellement répondus. Ceci garantit une excellente représentativité de l’étude avec une marge d’erreur, selon la méthode des sondeurs, qui s’établit à 2% à un intervalle de confiance de 99%.

A propos de l'auteur

Jean-Joris
Schmidt
Ancien administrateur

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