Mémoires drolatiques, par Hippolyte Wouters, Bruxelles, 76 pages, 14 euros (à commander à l’adresse hippolyte@wouters-theatre.com et à payer au compte BE12 0637 5061 1192).
Le Président : « Pourquoi avez-vous donné un coup de pied dans le ventre de votre belle-mère ? »
Le prévenu : « Parce qu’elle s’est retournée, monsieur le Président ! »
Au cours de sa longue carrière (on approche la septantaine d’années), Hippolyte Wouters en a entendu de belles ! Il nous en livre quelques-unes dans ce joyeux petit recueil.
Mais celui-ci ne comprend pas que des perles de prétoires. C’est que, chacun le sait, l’homme est multiple : avocat, auteur de théâtre, cruciverbiste et scrabbleur, écrivain spécialisé dans des études inattendues, voire irrévérencieuses (Molière, ou l’auteur imaginaire ? 1990 (co-écrit avec Christine de Ville de Goyet), Tocqueville humoriste, 2011, L’humour du côté de chez Proust, 2016), orateur hors pair (il fut une époque où les candidats à la présidence du jeune barreau ou au poste d’orateur de rentrée devaient se faire présenter par un confrère. Hippolyte était alors considéré comme un faiseur de Roi, si je puis écrire…) et, même, chroniqueur judiciaire (ce qu’il nous rappelle ici en reproduisant un compte-rendu du procès Salan qu’il publia en 2012, à l’occasion du cinquantième anniversaire du procès du coorganisateur du putsch d’Alger, auquel il assista en qualité d’observateur de la Ligue des droits de l’homme).
Laissons-nous donc mener au fil de ces presque trois quarts de siècle, d’anecdotes en calembours, d’alexandrins en jeux de mots. Il rappelle ainsi que, s’étant engagé à prononcer en Espagne, à l’occasion d’un championnat du monde francophone de scrabble, un discours anti-franquiste (quatre mois avant la mort du dictateur…), il s’en tira avec (cette) adresse :
Chers amis, quel bonheur de vous voir ici réunis ! Notre devise à tous n’est-elle pas : Franco file !
Au hasard de ces pages, vous découvrirez encore des hommages à Erik Orsenna, une présentation de Fabrice Luchini, un commentaire de l’émission Loft story, et d’adorables impertinences de jeunesse.
Ainsi de la dédicace qu’il fit à son maître de stage lorsque, à la fin de celui-ci, il publia un savant ouvrage de droit comparé sur le droit des sociétés anonymes :
À mon cher patron, je dédie ce livre, que ses pertinents conseils ont rendu possible et que les limites de sa générosité ont rendu nécessaire.
C’était un autre temps. Mais qu’est-ce qui a le plus changé : la pingrerie des maîtres de stage ou l’humour des stagiaires ?
Patrick Henry
Ancien président
