Serions-nous dans une dernière ligne droite avant un retour progressif vers une vie normale ?
Après plus d’une année de pandémie, plus personne n’ose faire de pronostic. C’est parfois à se demander comment les politiques, les experts et les journalistes trouvent encore des mots ou des expressions en conservant une certaine crédibilité. Alors, je ne vais pas m’y mettre.
Depuis plus d’une année, nous vivons au rythme des annonces au terme de réunions intergouvernementales, de statistiques de contaminations, d’hospitalisations, de décès et maintenant de vaccinations. Depuis plus d’une année, nous attendons de connaître les mesures prises pour tenter de freiner la propagation de la pandémie mais aussi pour essayer d’aider au mieux les personnes et les entreprises à passer ce très long cap.
Il y a un temps pour l’urgence, il y aura un temps pour l’évaluation, sans jamais oublier le contexte dans lequel les décisions ont été prises. Il serait un peu facile de faire des reproches à ceux qui ont conseillé ou à ceux qui ont décidé, à un certain moment, sans prendre en compte la connaissance que l’on avait de ce virus lorsque ces décisions ont été prises. C’est une évidence mais il sera sans doute utile de le rappeler le moment venu tant nous avons la critique facile.
Il y aura encore des plaintes, des actions, des ordonnances, des jugements et arrêts, des enquêtes, des expertises et sans doute même des commissions parlementaires.
Mais y aura-t-il vraiment un avant et après comme beaucoup l’annoncent ? Y aura-t-il vraiment des changements dans les décisions politiques, dans la manière dont elles seront prises, dans nos propres comportements ou, à l’instar des bonnes résolutions prises au début de chaque année, les vieilles habitudes prendront-elles le dessus ? Sans doute un peu des deux.
Si nous sommes bien entendu en droit d’attendre des débats sereins dans l’évaluation de la gestion de cette crise sanitaire, nous ne devons pas oublier que cette analyse devra s’étendre au monde de la justice et à celui de l’avocature.
Il est certain que le monde judiciaire, avec les pauvres moyens dont il dispose, a pu, après un certain temps, s’adapter pour faire face à cette crise. Cela ne nous fera pas oublier tant la cacophonie du premier confinement que les mesures plus volontaristes prises par la suite. Cela a révélé, si c’était nécessaire, l’indigence des moyens mis à disposition de la justice mais aussi, parfois, une certaine réticence au changement. Le danger de faire passer des réformes durables en prétextant l’urgence de la situation subsiste encore.
Notre profession devra également faire le bilan et ne pas hésiter à se remettre en question. Il en sera ainsi des institutions telles que les Ordres mais aussi AVOCATS.BE. Il est sans doute un peu tôt pour procéder à cette évaluation mais elle sera nécessaire. La question au centre de ces discussions sera celle de savoir ce que nous aurions pu mieux faire pour aider les Ordres, les avocats, les justiciables. Nous ne pourrons y échapper.
Mais, en même temps, il est grand temps de reprendre des chantiers importants restés parfois un peu en rade pendant la pandémie : l’acte d’avocat notamment en droit des sociétés, l’extension de la class action, la problématique du financement de l’aide juridique, l’éventuel projet pilote de l’avocat dédié à l’aide juridique, la défense de notre secret professionnel et de notre indépendance, le développement des outils à destination des avocats (RGPD, blanchiment, TVA, honoraires, …), l’évaluation de la réforme du stage, l’éventuelle académie de formation, le développement des formations en ligne ou mixtes, le travail en matière d’intelligence artificielle, nos projets en matière d’environnement, le développement de la solidarité au sein de la profession, etc.
Il faut bien reconnaître que, même si les commissions ont continué à travailler dans les conditions difficiles de la vidéoconférence, nous aspirons toutes et tous à nous revoir, ce qui ne pourra qu’améliorer la qualité de nos travaux.
Alors courage et formons le vœu qu’il s’agisse bien d’une dernière ligne droite avant de retrouver une vie plus normale qui aura cependant retenu de cette crise les enseignements positifs.
Et comme le disait un de mes prédécesseurs : #luttons !
Votre très dévoué,
Xavier Van Gils,
Président