Le Conseil National des Barreaux en France a tenu son assemblée générale le 9 octobre dernier. A cette occasion, les avocats français ont pris connaissance d’un rapport particulièrement fouillé du groupe de travail Legaltech.
Les conclusions de ce rapport sont sans concession : « Alors que la profession d’avocat a tenu jusqu’alors une attitude tantôt passive, tantôt désintéressée, voire critique (parfois avec justesse), elle apparaît désormais comme progressivement évincée du champ de la justice en mode numérique, au profit d’autres acteurs, les compagnies d’assurances en-tête. Ce sous-investissement (financier mais aussi humain) peut mener à une minoration de la position des avocats comme experts fiables et d’intermédiaire principal entre le justiciable et la justice. Plus prosaïquement, les parts du marché́ du droit détenues par les avocats sont aujourd’hui menacées ».
Il est temps, voire plus que temps, de consacrer des moyens humains et financiers à cette évolution certaine de notre profession. Nous allons vers plus de numérique ! Le nier, c’est probablement condamner une grande partie de nos activités et donc de nos confrères. Retarder encore l’échéance, c’est sans doute arriver trop tard. D’autres professions sont sur la balle !
Il faut que nous adoptions une posture plus offensive par rapport à cette évolution. Il faut clairement nous en donner les moyens humains et financiers si nous ne voulons pas être évincés. Ce ne sera possible qu’en mutualisant ces moyens. A défaut, certains très grands cabinets pourraient jouer cette carte seuls.
Mais, évoquer cela en pleine crise sanitaire du coronavirus qui, on le sait, va engendrer une crise économique sans précédent, n’est-ce pas choisir le plus mauvais moment ? Je ne le pense pas. C’est en période de crise qu’il faut innover, qu’il faut prendre des risques, qu’il faut investir. Les projets ne manquent pas. Il faut leur donner les moyens de vivre.
D’autres professions n’ont de cesse d’investir et, petit à petit, remplacent les avocats dans bien des missions de conseil : les notaires, les comptables et experts-comptables, les courtiers, … Ils le font sans avoir les mêmes atouts que les avocats mais ils sont là. Il suffit de regarder leurs propositions de formation pour s’en rendre compte.
Relevons donc ce défi. Nous devons être des acteurs majeurs de la digitalisation. Nous devons, aujourd’hui, prendre les décisions qui s’imposent.
Votre très dévoué.
Xavier Van Gils,
Président.