Faire partie du Gotha

Retrouvez dans cette rubrique l’expression, l’injure, le mot et la curiosité grâce auxquels vous pourrez tenter de paraître intelligent et cultivé en société !

L’insulte : Cape de biou

Juron

En gascon, l’expression signifiait « tête de bouc » et était employée comme un juron.

Le mot : Galoche, n.f.

Hist. : Elève externe de l’ancienne université de Paris

Techn. : Bois de la presse du doreur.

Mar. : Poulie à moufle plat

La curiosité : La famille Toaster, torréfier, torrent, et torride

Le verbe latin torrere, « sécher, dessécher », eut une grande famille en français mais pas uniquement. À partir de son participe passé tostus, le latin créa un nouveau verbe, tostare, de même sens, qui donna à son tour le verbe d'ancien français toster, « rôtir » (XIIe siècle). Toster avait donné le nom tostée, « tranche de pain grillée » (vers 1228). Il a disparu depuis longtemps, mais il n'a pas été perdu pour tout le monde : nos voisins anglais nous l'empruntèrent, créant ainsi le verbe to toast, « brûler, griller » (fin du XIVe siècle). Généreusement, ils nous laissèrent le récupérer, puisque tosté, « grillé » (1957), et toaster, « griller » (1973), sont attestés en français.

Mais surtout, ce verbe to toast, « brûler, griller », donna le nom anglais toast, « tranche de pain grillée » (vers 1430), qui prit vers 1700 le sens de « action de boire à la santé de quelqu'un » : une ancienne tradition anglaise consistant à tremper un morceau de pain dans son verre de vin. To toast prit ainsi un second sens, celui de « boire à la santé de quelqu'un » (1700). Il traversa la Manche à son tour et devint le verbe français toster, « boire » (1745), que l'on n’emploie plus guère. Cependant, cette coutume anglaise plut à nos ancêtres, qui créèrent le nom français toast, « fait de boire à la santé de quelqu'un » (1734), puis « tranche de pain grillée que l'on trempe dans du vin » (1750). Santé !

Torrere, pour en revenir à lui, avait naturellement un participe présent. Celui-ci étant le mot torrens, qui devint nom et prit le sens de « cours d'eau qui se dessèche ». Emprunté par le français sous la forme torrent (vers 1150), il signifia rapidement « courant d'eau impétueux » (1273).

Mais ce n'est pas tout : torrere donna en latin l'adjectif torridus « desséché, sec, aride » qui prit la forme torride en français (1495), avec le sens que nous lui connaissons toujours.

Et ce n'est toujours pas fini ! Tostus, vu au début de cet article, avait aussi donné l'adverbe de latin populaire tostum, qui a dû signifier « chaudement », puis « promptement ». En très ancien français, vers 881, tostum prit la forme tost, qui devint ultérieurement « tôt ». Voilà qui est inattendu.

Enfin, torrere s'associa au verbe facere, « faire », formant ainsi le verbe torrefacere, « torréfier, dessécher », que le français emprunta et adapta sous la forme torréfier (vers 1520).

Avec tout cela, on a le choix, se faire un café, porter un toast à quelqu'un, ou plonger dans un torrent. Quelle famille !

 

Jean-Joris Schmidt,
Ancien administrateur

 

 

Tribune n°276 (26/06/25)


[1] Car en Suisse romande, le massif du Saint-Gothard s’appelle aussi tout simplement le Gothard.

A propos de l'auteur

Jean-Joris
Schmidt
Ancien administrateur

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