Compte-rendu de la rentrée du barreau de Liège

Et maintenant, que va-t-on faire ?

De temps, il a été question.

D’abord pour l’organisation de cette Rentrée Solennelle du Jeune Barreau de Liège. Etant membre de la Commission du Jeune Barreau, le compte-rendu que je vais en faire ne sera forcément pas objectif. En revanche, l’éclairage intérieur permettra peut-être de relayer une réalité dont peu sont conscients : que de temps et d’implication cela demande !

La veille encore, nous voilà sur le lieu de la réception à devoir gonfler les ballons qui nous serviront de décoration de table puisque, ô frustration, ils ne sont pas gonflables à l’hélium comme nous l’avions prévu ! Ce n’est bien évidemment là qu’un exemple parmi tant d’autres : du choix de la salle et du traiteur à la mise sous pli ‘home made’ des invitations, en passant par les nominettes écrites à la main délicate de notre ‘past president’, sans oublier la gestion des inévitables imprévus de dernière minute (dont le cas classique d’une table de 8 personnes autour de laquelle s’en retrouve 15…)

Des mois de travail en amont pour tenter de satisfaire le plus grand nombre, car nous savons notre public exigeant, pour ne pas dire difficile voire intransigeant. Une salle qui déplaît une année, c’est le risque de perdre des dizaines d’inscriptions l’année qui suit. La sanction est rude pour nous qui n’en retirons rien, à part l’envie de perpétuer la tradition et d’essayer de le faire bien.

De temps, encore et toujours, puisque la question était posée par notre orateur Maître Philippe CULOT dès le titre de son discours : « De tout ce temps que sera ma vie ». Dans l’écrin magnifique de la Salle Académique de l’ULiège, l’orateur nous a livré le fruit de ses mois de labeur… précisément sur la notion de travail !

Le travail dont nous, les avocats, mais d’autres métiers également, allons tous prochainement manquer, nous prédit l’orateur, brandissant la menace de l’automatisation des tâches. Mais, à y regarder de plus près, serait-ce vraiment une menace ? Ne devrait-on pas plutôt le voir comme une chance, voire une libération ?

Oui, si l’on considère que c’est par les détours de l’Histoire, sur lesquels notre orateur s’attarde, que le travail, autrefois asservissement, est devenu valorisé comme il l’est aujourd’hui, nous définissant socialement.

Oui, si l’on parvient à rétablir la notion de loisir au sens noble du terme, le loisir qui éduque et grandit plutôt qu’il ne divertit, vœu pieux sans doute si l’on écoute la réplique de Madame le Bâtonnier Isabelle TASSET.

Oui mais… le travail est indissociablement lié aux ressources financières, alors c’est peut-être très louable de vouloir nous faire travailler moins, mais comment allons-nous gagner notre vie ? C’est ici que l’orateur nous emmène sur la notion de revenu universel, qui permettrait une meilleure répartition du travail, mais également un travail mieux choisi et moins subi. L’idée est séduisante, bien que, le concède l’orateur, sa mise en œuvre serait compliquée, ouvrant par là même une brèche pour la réplique.

De temps, enfin… C’est après quatre mois de réunions et de répétitions que l’équipe de la Revue monte sur la scène du Palais des Congrès, devant une salle comble et impatiente de faire la fête après les riches agapes ! Des flèches sont gentiment décochées contre le Barreau de Verviers suite au projet sans cesse postposé de fusion des Barreaux, on ironise sur les réformes de Koen Geens, sujet inépuisable depuis cinq ans, on raille les difficultés de constituer un Conseil de l’Ordre avec des candidats motivés… tout ça au son d’un orchestre live et au rythme de chansons bien soutenues qui donnent envie d’aller danser sur la piste du Bar des Congressistes pour clôturer cette belle journée.

De temps. Qu’est-ce qui nous pousse à consacrer autant de temps au Jeune Barreau ? Nous sommes volontiers qualifiés de « bande de scouts » par les uns ou de « post comités de baptêmes » par les autres. Si ce n’est pas tout à fait faux, c’est parce qu’il y a, dans toutes ces dynamiques, un « gène de l’animal social », une nécessité de communiquer, un instinct grégaire à l’ardeur au travail, pour paraphraser les propos de Madame le Bâtonnier TASSET dans sa réplique.

Alors quand vient le repos, à l’issue de cette Rentrée qui nous a monopolisés pendant des mois, tout cela pour quelques heures qui partent en fumée, tout cela pour un exercice qui peut paraître risible aux yeux de certains, on se demande, emplis d’une certaine nostalgie, forts de notre succès, et maintenant, que va-t-on faire ?

 

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