S’occuper de ses oignons

Retrouvez dans cette rubrique l’expression, l’injure, le mot et la curiosité grâce auxquels vous pourrez tenter de paraître intelligent et cultivé en société !

L’expression : S’occuper de ses oignons

L’oignon. Plante potagère monocotylédone de la famille des liliacées. Comment est-elle devenue la métaphore des « affaires personnelles ». Mais dans notre expression, parle-t-on vraiment de notre plante à bulbe multicouche ?

La locution date du début du XXe siècle, mais c’est au siècle précédent que, apocope de oignon, désignait en argot aussi bien, l’anus, le cul ou les pieds. L’expression se le mettre dans l’oigne voulait d’ailleurs dire « mépriser ».

Quoi de plus étonnant, alors, puisqu’elles existent toujours aujourd’hui, que de voir ici un simple synonyme argotique des expressions s’occuper de ses fesses ou s’occuper de sens pieds (cette dernière venant, selon Claude Duneton, à la fois du danger que pouvaient subir les pieds dans certains ateliers de l’époque et du fait que oigne – ou ogne - désignait aussi l’ongle).

Mais Cellard et Rey, dans leur Dictionnaire du français non conventionnel, évoquent en plus une origine réellement liée aux bulbes qu’on retrouve coupés en rondelles dans nos salades.

Selon cette hypothèse, dans le centre de la France, une marque d’indépendance des femmes était leur droit de cultiver un coin de jardin où elles faisaient pousser des oignons avant d’aller les vendre sur le marché pour se faire un peu d’argent de poche. Il était donc courant d’entendre les hommes dire aux femmes qui voulaient imprudemment se mêler de leurs affaires « occupe-toi de tes oignons » ou bien « ce ne sont pas tes oignons ».

Et à propos d’oignon qui désigne le postérieur, on peut tenter de remettre au goût du jour une expression complètement oubliée de la première moitié du siècle dernier qui pourrait avantageusement remplacer les très usuels avoir du cul, du bol ou de la chance : avoir l’oignon qui décalotte.[1]

L’insulte : Dandin

Ce mot est issu de la pièce de Molière[2], George Dandin, qui met en scène un mari tourné en ridicule aussi bien par sa femme que par son entourage. Homme généreux et simple dont la bonté confine à la bêtise et que l’on peut très facilement duper[3][4][5].

Le mot : Hourailler v. intr.

Chasser à grand bruit avec des hourets. Le houret étant un mauvais chien courant qui aboie sans cesse.

La curiosité odorante vous est présentée par Jari Lambert et s’intitule : Premier senteur…

L’odeur (bonne ou mauvaise) est liée à ce qui la produit ; la senteur (généralement agréable, elle) dépend de qui la perçoit. Pourtant, il peut y avoir une odeur – mais pas une senteur ! – de sainteté. Et d’autre part, quand on prétend que l’argent n’a pas d’odeur, on se place bien du point de vue du concupiscent (quel mot !).

Il existe des relents suspects, par exemple quand plane un parfum… de trahison !

De parfum à fumet, il n’y a qu’un (petit) pas, qui devient un bouquet quand on parle du vin et qu’on le mêle au doux effluve d’un fromage savoureux ou aux arômes d’un plat du Sud. Les plus littéraires, souvent à la page (de leur livre) mais rarement au parfum, iront jusqu’à parler de fragrance.

À l’opposé, la maladie mène à la pestilence (de peste – empester) ou même aux miasmes et au remugle, si l’on en est déjà au cadavre. Il peut alors être question d’embaumer ce dernier (pour éviter l’âcre mofette).

Fleurer, par association (inexacte) avec la fleur, fait sourdre l’idée d’une exhalaison agréable. Ce mot est pourtant un dérivé de l’ancien français LE fleur, lui-même issu du latin populaire flator, altération de flatus (souffle) et donc voisin de …

Je ne vais pas plus loin, tout le monde aura compris. Et complétera mon titre.

 

Jean-Joris Schmidt, 
Ancien administrateur

[1] « Arrivée à son étage, le second, il avait d’ailleurs réussi à se persuader que la psychologie de Pradonet, c’était pas ses oignons, non plus que celle de son hôtesse ». Raymond Queneau, Pierrot mon ami, 1942.

[2] Avant Molière en 1668 : 1526-32 : « homme de contenance niaise ». P. Faifeu, p. 46, Cabinet du bibliophile ds Gdf. Compl. Et 1546 : Perrin Dendin, type de juge ridicule. Rabelais, Tiers Livre, chap. 41)

[3]adj., rare. Niais, emprunté. « Cette faveur enchantait l'aristocrate qui se mit à prodiguer mille politesses dandines ». Esparbès, Guerre sabots,1914, p. 60.

[4] « Perrin Dandin arrive, ils le prennent pour juge », La Fontaine, Fabl. IX, 9.

[5] Selon le Littré, au niveau étymologique : en anglais, to dandle,bercer, auquel Diez rattache l'allemand Tändeln, balivernes. Le sens primitif de dandin est qui se balance, qui va et vient, sens conservé en dandiner.

A propos de l'auteur

Jean-Joris
Schmidt
Ancien administrateur

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