Rentrée de la Conférence du Jeune Barreau de Namur des 15 et 16 mars 2024

Les cieux n’étaient pas avec nous. Namur sous la grisaille et la pluie. Les gens de robe se pressaient vers le Grand Manège – haut lieu des concerts namurois – pour la rentrée solennelle dont nous avions oublié le nombre d’éditions tant cette tradition annuelle était ancrée dans notre ADN d’avocats.

Le lieu d’accueil était certes bien choisi pour son acoustique exceptionnelle. Le discours de l’orateur serait grand, magnifique et… audible pour les retardataires du fond de la salle. Me Damien PHILIPPOT n’a pas failli. 

Si vous aviez une empathie légèrement plus développée que celle d’un escargot petit gris (Namur oblige !), nous auriez perçu le léger regret du Président de la Conférence du Jeune Barreau, Me Martin MARINX qui avait sué sang et eau pour offrir à son barreau la primauté de la découverte du Nouveau Palais de Justice. Mais patatras et ironie du sort, la Régie des Bâtiments et le SPF Justice avaient refusé l’accès aux futurs locataires, échaudés par les soubresauts de leur gestion chaotique. 

Le Ministre de la Justice n’a pas fait non plus le déplacement, conseil de ses « spin doctors » avisés. Peut-être occupé ce week-end de rentrée à revoir le cours des marchés publics option « meubles meublants ». 

Notre orateur prend sa place au chœur de l’auditoire, bien entouré par le Président de la Conférence, le Bâtonnier de Namur Me Olivier GRAVY et le Bâtonnier de Nancy Me Manuel PEREIRA. 

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Il choisit le courage plus que la facilité. Le titre de son discours claque sur l’écran géant au milieu de la scène dans le brouillamini de l’installation des convives. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Tout un programme.

Me PHILIPPOT tire cette maxime du vieux Corneille qui résonnait comme une antienne aux oreilles de son père. Une sage philosophie qui vous apprend l’humilité et vous éloigne des fanfaronnades déplacées. 

Il se souvient de son entrée au barreau en 2006. Stage dans un cabinet conseil de banques. Premiers frémissements entre l’idéal de la profession : indépendance, loyauté, dignité, probité et les contingences quotidiennes : pression économique, inflation des correspondances liée aux technologies et à l’idéologie du « toujours plus vite », exigence des clients, agenda désorganisé, obligations administratives, législation en tous sens,… 

Il relève que du haut de ses 18 années d’expérience que le métier d’avocat a fortement évolué. L’avocature devient entreprise avec son corolaire de concurrence accrue entre confrères.

Notre profession est un duel. Notre orateur puise aux bonnes sources. Sénèque parle du gladiateur marri d’avoir un adversaire de trop faible envergure :

« Le courage est avide de périls. Il songe au but qu’il se donne et non aux souffrances qui l’attendent, car il sait que ces souffrances mêmes sont une part de sa gloire. Il sait qu’on triomphe sans gloire quant on a vaincu sans péril. Ainsi fait la Fortune, elle prend pour rivaux les plus braves et passe dédaigneusement devant les autres »

Me PHILIPPOT retient la leçon. L’exemplarité n’est pas loin, l’avocat doit adhérer à un corpus de règles et de valeurs qui visent à mériter la confiance placée en lui par le justiciable empêtré dans ses difficultés.

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En un mot, cela s’appelle la déontologie qui a pour raison d’être de concrétiser les devoirs inhérents à la mission de l’avocat : indépendance, loyauté, confraternité, secret professionnel, dignité, probité, délicatesse, diligence et compétence…Quel programme de vie !

Notre orateur dresse ensuite une palette de situations concrètes et vécues où ces beaux principes doivent ou devraient s’appliquer. 

Sa jeune carrière à peine entamée l’a confronté au double discours d’un avocat médiateur de dettes qui en voix off a reconnu une certaine carence dans le suivi du dossier malgré les rappels de la partie adverse et en audience a fustigé l’attitude de la banque défendue par Me PHILIPPOT, prétendant être sans nouvelles. Premier trauma de l’absence de loyauté d’un confrère, suivi d’un second où il fut accusé – à tort- d’avoir attaqué un avocat ou plutôt le mari bailleur d’une consœur dont il ignorait les liens conjugaux. L’histoire finit bien. Me PHILIPPOT a reçu un courrier d’excuses ! Il est resté toutefois meurtri toutefois par l’entorse avérée faite à la belle notion de confraternité.

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Il dresse ensuite un vibrant hommage à la déontologie qui constitue « son rempart » à la perte de sens de notre profession si nous nous métamorphosons en de « simples entreprises » :
« Sinon, qu’y aura-t-il encore pour distinguer notre profession et son image de quelconque forme d’activité économique, principalement régie par les principes tels que la liberté de concurrence et la recherche du profit ? »

Il considère que tout manquement doit être sanctionné. Séparons « le bon grain de l’ivraie « Haro sur les confrères indélicats ! 

A l’audition de ce plaidoyer, le rôle du Bâtonnier fut celui d’un équilibriste, car il est ardu pour le gardien du temple et de la déontologie d’apporter contradiction dans l’exercice de la réplique. 

Il y est néanmoins parvenu. Même si « l’ avocat doit être formé et compétent en matière de TVA, efficace, rentable, soumis à une multitude de procédures de contrôle », Me GRAYV plaide encore et toujours pour un esprit confraternel qui est « la plus-value « de notre profession « La confraternité entre avocats peut résister aux pressions économiques si les avocats en tant que professionnels du droit restent fidèles à leurs valeurs éthiques, font preuve de respect mutuel et cherchent à préserver l’intégrité de la profession »

Les confrères et invités poursuivirent les réflexions du duo orateur -Bâtonnier autour du verre de l’amitié dans le hall d’accueil, même s’il me revient que la déontologie ne fut pas le sujet majeur de cette avant-soirée.

La revue fut d’un grand cru sous la direction d’anciens et de nouvelles têtes. Le thème était tout trouvé : le grand déménagement fredonné dans le couplet suivant :
« Allez viens, je t’emmène loin
Regarde ce vieux Palais s’écrouler
Tant de pages, tant de mots éculés
La justice vieillissante, essoufflée
Ouille, ouille, ouille… »

Le banquet du soir permit de rassembler plus de 300 convives heureux de se retrouver. Malgré les yeux fatigués, certains ont prolongé les agapes le lendemain par une escapade sur la Meuse.

Vivement l’année prochaine pour poursuivre la fête ! 

Vivement l’arrivée au nouveau Palais du carton avec en lettres capitales « bureaustoel- chaise de bureau kunstlederen- simili cuir » qui fera le bonheur de notre greffière !

Yves Printz
Avocat au barreau de Namur

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Yves
Printz
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