Retrouvez dans cette rubrique l’expression, l’injure, le mot et la curiosité grâce auxquels vous pourrez tenter de paraître intelligent et cultivé en société !
L’expression : Il n’y a pas un chat[1]
Encore une expression aux origines grivoises.
Cette locution a une explication évidente et une autre qui l’est un peu moins.
Pour la version limpide, il suffit de considérer que les chats se trouvent en général là où il y a des hommes. Car si ces animaux sont très indépendants, ils aiment malgré tout bien que quelqu’un s’occupe d’eux lorsqu’ils en ont envie, en particulier pour la nourriture.
Donc, si on arrive dans un endroit où il n’y a pas un chat, c’est probablement qu’il n’y a pas un homme non plus. Autrement dit que l’endroit est désert.
C’est pour l’origine cachée qu’on va aborder un sujet qui en fâche certains qui, pour la plupart, ne sont plus là pour le lire.
On sait que depuis au moins le XVIe siècle, le chat désigne le sexe féminin[2]. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle qu’il est devenu la chatte par simple féminisation du mot précédent, en raison du sexe de la propriétaire[3]. Cette appellation vient d’un calembour car le mot caractérise un animal poilu, certes, mais qui se prononce aussi comme le chas d’une aiguille, donc un trou ou une fente. Je n’invente rien !
Ainsi, lorsque de jeunes gens en rut se mettaient en chasse et débarquaient dans un bar dépourvu de damoiselles à leur convenance, ils pouvaient dire trivialement « il n’y a pas un chat »
L’insulte : Pourceaugnac
Grotesque
Le mot est tiré d’une comédie de Molière, Monsieur de Pourceaugnac, racontant les aventures d’un gentilhomme limousin, ridicule dans sa façon d’agir et de s’habiller. On disait « C’est un pourceaugnac » en parlant d’une personne que son comportement absurde et ses vêtements extravagants rendaient comique malgré elle[4].
Le mot : Chat, n.m.
Art milit. : Instrument à branches de fer élastiques dont on se sert pour visiter l’âme d’un canon. Au Moyen Age, machine de guerre composée d’une tour mobile, d’un bélier et d’une galerie couverte.
Hist.nat. : Chat de mer ou chat marin : nom vulgaire d’une espèce de coquille hérissée d’épines, et de plusieurs poissons.
Hortic. : Fleurs folles du noyer, du coudrier, du saule
Mar. : Ancien navire de commerce en usage dans les régions du Nord.
Pêche : Sorte de grappin au moyen duquel on rattrape les filets tombés au fond de l’eau.
Techn. : Impuretés qui rendent l’ardoise impropre à être débitée // Chevalet de couvreur // Fonte qui s’échappe du fourneau par accident.
La curiosité : La famille Botte, nabot et sabot
L’ancien français connaissait l’adjectif bot, « de petite taille » et « affligé d’un pied bot » (vers 1165). Bot devint le nom botte, « chaussure montante, souvent grossière » (vers 1195) : au Moyen Âge, une botte n’était pas une chaussure de qualité. Mais bot devint aussi le nom bot, « chaussure » (1564), qui, par croisement avec savate, produisit le mot sabot, attesté en 1512[5]. On peut donc dire que sabot est un mot-valise, puisqu’il est le produit du croisement de deux mots. Cependant, l’aventure de bot n’était pas terminée. En s’unissant avec nain, bot a donné nabot (1549), qui est une sorte de pléonasme, car nabot signifie littéralement « nain de petite taille ». Cela n’a rien d’étonnant, le pléonasme étant chose courante dans le parler familier ; de nos jours, il nous arrive encore d’entendre, par plaisanterie ou par inattention, un petit nain.
Jean-Joris Schmidt,
Ancien administrateur
[1]https://www.youtube.com/watch?v=sfHrVc6sRB4 … ne me remerciez pas….
[2] On disait d’ailleurs d’une jeune fille qui venait de perdre sa virginité qu’elle « avait laissé le chat aller au fromage ».
[3] A cette époque, certaines femmes n’hésitaient pas à dire en termes élégants « j’ai la chatte à l’agonie » pour « je suis sexuellement très excitée »
[4]https://fr.wikipedia.org/wiki/Monsieur_de_Pourceaugnac
[5] Ce qui pourrait être pris pour une incohérence de dates n’est que le reflet d’une époque où, l’écrit étant évidemment plus rare qu’aujourd’hui, il arrivait que les mots apparussent dans des textes longtemps après leur utilisation effective dans la langue parlée.