Voici sans doute un des mots que j’entends le plus ces derniers temps : fatigué !
Autant l’annoncer de suite : c’est sans doute un des mots que je prononce le plus aussi. Fatigué de voir systématiquement les perspectives de jours meilleurs être reportées ; fatigué d’entendre des annonces qui ne concrétisent pas les promesses faites ; fatigué de constater que nos responsables politiques semblent refuser toute remise en cause de la gestion de la crise ; fatigué d’observer que notre pays semble bien à la traîne pour la vaccination comme il l’a été pour les masques, le testing et le tracing ; fatigué de ne pas pouvoir faire de projets à court ou à moyen terme ; fatigué aussi de constater que les réponses législatives projetées avec la loi pandémie ne rencontrent nullement les critiques ; etc…
Mais surtout, comme beaucoup, fatigué de ne pouvoir avoir une vie normale, sans bulle, sans limitation permanente de nos libertés, sans devoir passer par un écran pour rencontrer les gens ; une vie où l’on peut à nouveau avoir des relations sociales normales, nous rendre au cinéma, au restaurant ou en voyage à l’étranger ; une vie où l’on peu simplement s’embrasser ou se serrer dans les bras.
Ne nous trompons pas de responsable ! Le premier responsable c’est bien entendu ce fameux virus qui refuse de nous quitter naturellement. Sauf à être adepte de thèses complotistes, personne n’est véritablement responsable de ce virus et de sa virulente propagation. Et il faut une nouvelle fois le souligner : les chercheurs ont été remarquablement efficaces pour développer en un temps record des vaccins.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, je suis bien incapable d’évaluer la pertinence des mesures prises par le pouvoir politique pour endiguer la propagation de la maladie : la bulle très limitée, le télétravail, la fermeture des lieux de culture, la fermeture de l’HoReCa, l’impossibilité des voyages touristiques, le couvre-feu, … Ces mesures ne sont pas faciles à prendre car elles sont impopulaires. Il faut saluer le courage de celles et ceux qui les prennent.
Mais cela ne m’empêche cependant pas d’avoir un regard critique sur l’action de nos mandataires, notamment dans tout ce qui relève de leur sphère de compétence. Comme je le précise ci-dessus, je ne comprends pas tous ces errements en matière de vaccination comme je ne comprenais pas ceux en matière du port du masque. Celui-ci n’a-t-il pas été rendu obligatoire au moment où, enfin, nous en avions reçu, masques que nous pouvons jeter aujourd’hui ? Mais il paraît que les chiffres de vaccination s’accélèrent. Espérons.
Si la critique est aisée, l’autocritique du monde politique semble particulièrement difficile. Il y a un mois, avec le président de l’O.V.B. et le bâtonnier du barreau de cassation, nous appelions les parlementaires à reprendre leur rôle. Aujourd’hui, on nous propose une loi pandémie qui permettra au gouvernement d’estimer quand il y a une crise sanitaire et, une fois ce constat fait, de prendre une série de mesures liberticides avec un contrôle très aléatoire du parlement… Le courage est sans doute de prendre des mesures difficiles mais aussi de reconnaître que, parfois, on se trompe. Pas un mot sur l’organisation chaotique de la vaccination lors de la dernière conférence de presse du comité de concertation : c’est dommage.
Et dans tout cela, il y a aussi des initiatives qui nous donnent de véritables moments de joie, de solidarité, d’espoir. L’expérience du challenge lancé par le Jeune Barreau de Neufchâteau et relaté dans ces colonnes mérite d’être soulignée. Alors que les jeunes avocats sont particulièrement touchés par cette crise, alors qu’ils sont privés d’organiser des rentrées, des rencontres conviviales et même des formations en présentiel, ce sont eux qui nous rappellent une valeur essentielle, celle de la solidarité.
Merci à tous nos jeunes confrères qui vivent, eux aussi, des moments difficiles mais qui restent positifs. Avec eux, nous devons nous accrocher et nous dire que la dernière étape de notre périple sera sans doute difficile mais que bientôt nous pourrons avoir à nouveau une vie normale. Certains nous disent que plus rien ne sera vraiment comme avant. Peut-être mais alors c’est à nous de réinventer ce que nous voulons vivre.
Xavier Van Gils,
Président