Les médias font-ils le jeu du populisme ?

La RTBF a organisé un débat en public, notamment à l’ULB : Les médias font-ils le jeu du populisme ?  Cette conférence débat s’inscrit dans le cadre du thème « La démocratie en question(s) ».  Apparemment, la RTBF met en évidence « la difficulté des médias à trouver leur place et leur modèle économique ».  D’où la question de savoir si ces médias peuvent jouer le rôle de 4ème pouvoir car le public a beaucoup de méfiance à l’égard des médias, voire même parfois du ressentiment et se rabat sur les réseaux sociaux.  On se pose encore la question, comme un auteur l’a fait dans son ouvrage, comment les quelques 200 correspondants étrangers, présents à Berlin au début des années 30, n’ont pas alerté le monde sur les dangers de la montée du nazisme.  D’où la prudence du public et de tout observateur de l’évolution politique, judiciaire des démocraties.

Il s’est donc pose la question de savoir si les médias font le jeu du populisme depuis leur « collision » avec les réseaux sociaux.  Qui ne sait que mon ami Bernard (BHL) a adapté sa pièce Hôtel Europe, devenue « LOOKING FOR EUROPE », a organisé la représentation de ce spectacle où il est seul en scène à travers de nombreuses villes dans la période qui précède les élections européennes (le 7 mars, ce fût à Bruxelles).  Seul en scène, il dénonce les populismes : un cri d’alarme jeté sur scène, comme dans la Grèce antique, fut-il écrit.  A la différence de la JUSTICE, nous avons l’impression que tous veulent savoir ce qu’il adviendra de notre ETAT DE DROIT et des DROITS DES JUSTICIABLES.  Il y a beaucoup de gens qui ignorent le projet européen qui est porteur, pourtant, de tant d’espoir.  BHL souligne que l’Europe est une source de prospérité et que le nier c’est entretenir les « fake news ».  C’est parce que les gens ne veulent pas toujours savoir que les « fake news » se répandent.  Si l’IGNORANCE nourrit la haine, le ressentiment, le désir de casser, voire de se suicider, L’INDIFFERENCE apporte le chaos et les injustices.  Et quand une population vote pour un parti qui véhicule le pire, le racisme, l’antisémitisme, la haine (parti aujourd’hui encore minoritaire), il faut être attentif et ne pas comptabiliser leurs voix.  Mais quand cet électorat deviendra majoritaire … !   Il faut inciter les électeurs à voter utile pour préserver l’état de droit.  Rien n‘est jamais parfait, ni acquis.  J’ai toujours soutenu qu’il faut se remettre en question dans ses actes personnels comme dans le développement des institutions de justice et de la manière de faire fonctionner celle-ci ou de la rendre.  Il aurait fallu dire au peuple hongrois, polonais, autrichien, etc…  comme le souligne BHL, voter pour qui vous voulez mais sachez qu’il y a des Traités, une Constitution et vous pouvez vous exposer à des sanctions provisoires, une mise sur la touche momentanée, etc… Il faut prendre ses responsabilités.  Je suis partisan de donner la parole au gens, au peuple.  Ces grands débats, dont le premier fut dans la salle des audiences solennelles de la Cour d’appel de Bruxelles, devraient se poursuivre toutes les semaines dans différents Palais de Justice.  Vous avez des idées ?  Donnez-les …  Vous avez des questions ?  Posez-les …  La parole au peuple est évidemment sous condition de respect des minorités et si la démocratie c’est la voix du peuple, cette voix, considérée comme souveraine, ne peut pas être despotique, fasciste, cruelle avec les plus faibles.  La question d’internet relève de cette problématique que chacun a le droit de parler sans qu’il puisse devenir interdit de dire qu’il y a des paroles supérieures à d’autres.  Et encore que certaines paroles ont évidemment plus de valeur.  Comme je l’ai souvent écrit, notamment à l’attention des magistrats, c’est que le rapport de chacun à la parole c’est le rapport de chaque parole à la vérité.  Les médias n’accordent pas, d’ailleurs, une grande place au racisme et à l’antisémitisme dans les comptes rendus qu’ils font actuellement et relatifs aux différents programmes des partis qui se présentent tant aux élections belges qu’aux élections européennes.  Or, il a été rappelé que les algorithmes sont source de création d’antisémitisme.  Nous vivons dans une ère populiste.  Ce n’est plus à la recherche du temps perdu, qui continue d’ailleurs à se perdre, mais c’est aussi et surtout à la recherche d’une justice perdue.  Je pense que quelle que soit la force d’un pouvoir, il n’est jamais assez fort pour ne pas disparaitre et ce n’est pas l’ancienneté des institutions ou sa légitimité qui enlèvera le caractère fragile de la démocratie.  Cette démocratie que l’on met en avant pour justifier une justice plus « juste », équitable et rapide, est sujet au châtiment des urnes.  Et ne nous cachons pas le danger de l’apparition, même dans cette hypothèse du totalitarisme.  Oui, un siècle ou, en tout cas, pour ce qui me concerne, un demi-siècle a apporté du progrès, de la paix, de la sécurité, un allongement de l’espérance de vie mais tous sont frappés de vulnérabilité, me parait-il, et, bien entendu, susceptibles de vaciller à tout moment.  Il faut toujours tout réinventer sans cesse car rien n’est acquis.

Lors du colloque JUSTICE EN VERITE, présidé par le Bâtonnier Michel FORGES, à l’Académie Royale ce 2 mai dernier, un des quatre orateurs a fait part incidemment, sans le développer, qu’il préférait le mot ou l’accusation, peut-être, de démagogie à celui de populisme car il se sentait plus près du peuple.

Je pense que ce sont deux notions différentes.

Et même si on se sent plus près du peuple, comme a dit l’orateur, la portée du mot « populisme » n’a rien à voir avec la circonstance que beaucoup d’avocats se préoccupent des justiciables précarisés ou faibles ou en difficulté et même s’ils sont catalogués parfois dans « la classe moyenne » qui n’est pas exempte de nécessité d’assistance.

 

Jean Bornet,
Avocat au barreau de Bruxelles

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